(Washington) « Ce sont les électeurs qui votent. Pas les sondages. » Joe Biden se sentait requinqué après une série de scrutins locaux mardi aux États-Unis, qui ne lèvent toutefois pas les doutes, nourris par de mauvaises enquêtes d’opinion, sur ses chances de réélection.

« C’était une bonne soirée. Le président et moi avons évidemment beaucoup à faire pour gagner notre réélection, mais je suis optimiste, nous allons gagner », a dit mercredi Kamala Harris, sa co-listière en vue de l’élection de novembre 2024.

« Le programme et les valeurs du président ont remporté une grande victoire à travers le pays hier soir », a affirmé pour sa part la porte-parole de la Maison-Blanche, Karine Jean-Pierre.

Le regain d’optimisme s’appuie sur un constat sans appel : la défense du droit à l’avortement mobilise les électeurs en faveur des démocrates, et plombe l’opposition républicaine, y compris dans des États traditionnellement conservateurs.

En Ohio, un État industriel du nord du pays que son prédécesseur Donald Trump a remporté facilement à deux reprises, les électeurs ont approuvé mardi l’inscription du droit à l’avortement dans la Constitution de l’État.  

Andy Beshear, gouverneur démocrate du Kentucky, a été réélu en faisant campagne sur la défense du droit à l’avortement, contre un candidat républicain soutenu par Donald Trump – lequel avait pourtant largement devancé Joe Biden dans cet État du centre-est en 2016 comme en 2020.  

En Virginie, sur la côte est, les démocrates ont assuré le contrôle du parlement local, un camouflet pour le gouverneur républicain Glenn Youngkin, qui avait tenté de rallier les électeurs autour d’un projet restreignant le droit à l’avortement.

Joe Biden a appelé divers candidats victorieux mardi soir. Le démocrate, qui fête dans quelques jours ses 81 ans, a aussi salué le référendum en Ohio.

« Ce sont les électeurs qui votent. Pas les sondages. Maintenant, tous ensemble pour gagner l’an prochain », a-t-il écrit sur son compte X de candidat, distinct de son compte présidentiel.

Ses partisans ont savouré leur revanche, après la publication dimanche de sondages sévères pour Joe Biden, donné défait par Donald Trump dans les États clés, et toujours aussi impopulaire.

Droit à l’avortement

« Voter, c’est mieux que de se ronger les sangs », a écrit le directeur de communication de la Maison-Blanche, Ben LaBolt.

C’est la deuxième fois depuis l’élection de Joe Biden que les démocrates défient les prévisions les plus pessimistes.  

Lors des élections parlementaires fédérales de l’automne dernier, le parti de Joe Biden avait fait mieux que les sondages, qui promettaient une marée républicaine.

Déjà, il était ressorti que le droit à l’avortement restait une préoccupation centrale de nombreux électeurs, après que la Cour suprême, très conservatrice, eut dynamité la garantie constitutionnelle qui le protégeait depuis 1973 sur tout le territoire américain.

Les scrutins de mardi ne font pas disparaître tous les problèmes du démocrate.

Il est jusqu’ici incapable – comme Donald Trump d’ailleurs – de susciter un réel enthousiasme dans l’électorat, à cause avant tout de son âge.  

Ses politiques économiques et sociales sont populaires, et le programme des démocrates, par bien des aspects, semble séduire. Mais une présidentielle est d’abord un pari sur un homme ou une femme, et sur l’avenir.

La chaîne CNN a demandé mardi aux électeurs de l’Ohio de donner leur avis sur les deux probables rivaux du 5 novembre 2024, dans le cadre de son sondage de sortie des urnes.

Seulement un quart des personnes interrogées pensent que Joe Biden devrait se représenter, et un tiers seulement sont de cet avis pour Donald Trump.

« Il semblerait que les démocrates aient eu du succès aux élections de mi-mandat de 2022 et aux scrutins de 2023 malgré Biden, pas grâce à lui », assène Douglas Sosnik, ancien conseiller du président Bill Clinton, cité par le New York Times.

Le prestigieux quotidien avait publié dimanche un sondage particulièrement sombre pour Joe Biden, donné largement distancé dans les intentions de vote par son rival républicain dans cinq États cruciaux.