(San Francisco) Plus d’un an après s’être fait fracturer le crâne avec un marteau, le mari de l’ex-cheffe démocrate Nancy Pelosi s’est retrouvé face à son agresseur lundi au tribunal, forcé d’évoquer le traumatisme d’une attaque qu’il a tenté de refouler par tous les moyens.

« Je n’ai discuté de cet incident avec personne », a raconté Paul Pelosi, selon le San Francisco Chronicle. « Je n’ai pas regardé les informations et j’ai encouragé ma famille à ne pas le faire non plus, parce que cela a été tellement traumatisant. J’ai fait tout ce qui était en mon pouvoir pour ne pas revivre cela. »

Visiblement ému, l’octogénaire a livré son témoignage sous l’œil de David DePape, un adepte de nombreuses théories complotistes d’extrême droite, poursuivi pour agression, et tentative d’enlèvement sur Mme Pelosi.

Cet ex-militant nudiste avait pénétré au domicile du couple Pelosi fin octobre 2022, quelques jours avant les élections de mi-mandat, équipé de corde, de gants et de ruban adhésif.  

PHOTO MICHAEL SHORT, SAN FRANCISCO CHRONICLE, ARCHIVES VIA ASSOCIATED PRESS

L’accusé, David DePape

M. Pelosi a raconté que le suspect voulait s’en prendre à sa femme, qui présidait alors la Chambre des représentants et avait déjà été prise pour cible par les manifestants qui ont forcé l’entrée du Capitole le 6 janvier 2021. L’intrus lui a demandé « Où est Nancy ? », s’est-il souvenu, selon la chaîne de télévision locale KRON4.

L’agresseur a également lâché que Mme Pelosi, qui se trouvait alors à Washington, était la « cheffe de la meute » et qu’il « devait l’éliminer », a témoigné son mari.

Se sachant « en grave danger », M. Pelosi a tenté de « rester aussi calme que possible » face au suspect. Il a réussi à appeler la police, qui est arrivée au moment où l’agresseur lui a assené un coup de marteau sur la tête.

Un an après, il n’a toujours pas vu les images de cette attaque, capturée par la caméra-piéton des agents, a-t-il raconté. Après s’être « réveillé dans une mare de sang », il a été hospitalisé pendant près d’une semaine et a dû être opéré.

David DePape a plaidé non coupable et encourt une peine pouvant aller jusqu’à la perpétuité.

Sa défense reconnaît l’agression. En revanche, elle conteste le fait qu’il ait voulu s’en prendre spécifiquement à Mme Pelosi ou son mari de par sa qualité de responsable fédérale – un facteur clé pour l’accusation.

M. DePape a agi, car il croyait « de toutes ses forces » en diverses théories complotistes selon lesquelles le gouvernement américain est corrompu et l’élite de gauche s’adonne à la pédophilie, a argué jeudi son avocate, Jodi Linker.

Face aux enquêteurs, le prévenu avait assuré vouloir s’en prendre à d’autres personnalités, notamment le gouverneur de Californie Gavin Newsom, le fils du président Hunter Biden, et l’acteur Tom Hanks.

Outre ce procès fédéral, il doit également être jugé séparément par la justice californienne.