(Alpharetta) Ils sont à la tête de la Californie et de la Floride, deux des principaux États des États-Unis, et incarnent deux visions radicalement opposées de l’Amérique avec la Maison-Blanche dans leur viseur : les gouverneurs Gavin Newsom et Ron DeSantis se sont affrontés jeudi lors d’un débat très tendu.

« Ce pays doit choisir la liberté plutôt que l’échec », a plaidé lors de cette émission le républicain Ron DeSantis, critiquant les « politiques de gauche » de son rival démocrate. Gavin Newsom l’a accusé en retour de vouloir « mettre feu à la démocratie, comme Donald Trump ».

Aux États-Unis, un pays fédéral, le gouverneur est le chef de l’exécutif d’un État, doté de très nombreux pouvoirs.

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Le gouverneur de la Californie Gavin Newsom

À la tête de la Floride et la Californie — plus peuplées que la plupart des pays de l’Union européenne — Gavin Newsom, 56 ans et Ron DeSantis, 45 ans, ont ainsi façonné le quotidien de millions d’Américains en matière d’avortement, de politique économique ou d’environnement.

Des modèles comparés avec force de détails lors de ce débat diffusé par Fox News, la chaîne préférée des conservateurs, et présenté par un proche de Donald Trump, le présentateur vedette Sean Hannity.

Marque de fabrique

Sans surprise, les échanges ont d’abord largement été consacrés à l’immigration, la criminalité ou les questions fiscales — autant de dossiers chers à l’électorat républicain.

Avant que ne soit abordée l’épineuse question de l’avortement, qui déchire particulièrement le pays depuis que la Cour suprême a annulé en juin 2022 sa protection constitutionnelle dans le pays.

« Ron DeSantis a promulgué une des lois antiavortement les plus extrêmes du pays », a accusé Gavin Newsom, en référence au texte adopté cette année en Floride interdisant les IVG après six semaines de grossesse — quand de nombreuses femmes ne savent pas encore qu’elles sont enceintes.

À l’inverse, la Californie s’est engagée à être un « sanctuaire » garantissant à des centaines de milliers de femmes venant d’États conservateurs le droit à un avortement légal et sûr. Une position jugée « très extrême » par le catholique Ron DeSantis.

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Le gouverneur de la Floride Ron DeSantis

Le jeu des sept différences a été poussé jusque dans le choix des cravates des gouverneurs : Ron DeSantis était rouge, la couleur des républicains, Gavin Newsom bleue, celle des démocrates.  

Durant une heure et demie, les deux hommes ont vanté leurs modèles dans l’espoir qu’ils servent à terme leurs plus hautes aspirations politiques.

2028 ou… 2024 ?

En mai, Ron DeSantis, alors considéré comme une étoile montante du Parti républicain, s’est lancé dans la course aux primaires pour la présidentielle de 2024. Mais il a vu sa candidature dégringoler dans les enquêtes d’opinion républicaines, opposé à un Donald Trump encore fort du soutien de sa base, en dépit de ses inculpations.

Pressenti comme un possible candidat démocrate à l’élection de 2024, Gavin Newsom s’est lui finalement rangé derrière la candidature de Joe Biden, affirmant en juin soutenir « le président et son leadership ».

Le quinquagénaire n’entretient pour autant qu’un mystère relatif sur ses ambitions présidentielles.

Ces derniers mois, l’homme à la mèche bien peignée a multiplié les déplacements à l’étranger, fait diffuser sans retenue des spots publicitaires vantant son bilan et a investi des millions de dollars dans un comité d’action politique, alimentant les spéculations sur une candidature en 2028. Ou bien dès 2024 ?

Lors du débat, Ron DeSantis a accusé son rival de « mener une campagne de l’ombre » pour le scrutin de novembre prochain, face au « déclin » cognitif de Joe Biden, 81 ans.

« À choisir, je préfère un Joe Biden qui a 100 ans, n’importe quand, plutôt que Ron DeSantis », a rétorqué Gavin Newsom, assurant ne pas chercher à remplacer le dirigeant démocrate dans la course à la Maison-Blanche.