(Washington) Un Américain de 59 ans condamné à mort pour un double meurtre en 2001 a été mis à mort jeudi par injection létale dans l’Oklahoma, pour la 24e et dernière exécution prévue aux États-Unis cette année.

Dans son rapport annuel publié vendredi, l’observatoire spécialisé Death Penalty Information Center (DPIC) observe que, pour la 9e année consécutive, moins de 30 personnes ont été exécutées et moins de 50 condamnées à mort, avec une concentration géographique toujours aussi flagrante.

L’ensemble de ces exécutions, toutes par injection létale, se sont tenues dans cinq États, trois du Sud, le Texas, la Floride, et l’Alabama, et deux du centre du pays, le Missouri et l’Oklahoma. La prochaine exécution prévue, en janvier 2024 en Alabama, doit être réalisée par inhalation d’azote, une première mondiale.

Les 21 condamnations à mort prononcées cette année se répartissent également entre sept États seulement : la Floride, la Californie (Ouest), le Texas, l’Alabama, l’Arizona (Sud-Ouest), la Caroline du Nord et la Louisiane (Sud-Est).

Comme les années précédentes, la plupart des prisonniers exécutés en 2023 « ne seraient probablement pas condamnés à mort aujourd’hui », en raison de la prise en compte notamment des affections mentales et traumatismes des prévenus ou de changements législatifs pour une condamnation à la peine capitale, explique le DPIC.

Ainsi, 79 % des personnes exécutées cette année souffraient au moins de maladie mentale grave, de lésion cérébrale ou de handicap intellectuel et/ou de grave traumatisme pendant leur enfance, « 33 % des trois » catégories, selon le rapport.

L’observatoire voit dans la décrue continue du nombre de condamnations à la peine capitale depuis une vingtaine d’années « un indice fort que l’opinion des jurys quant à l’efficacité, à la précision et à la moralité de la peine de mort ont changé ».

Selon un récent sondage de l’institut Gallup, une majorité d’Américains (50 % contre 47 %) estime que la peine capitale n’est pas équitablement appliquée aux États-Unis, une première depuis le lancement de cette enquête mensuelle en 2000.

Une majorité (53 %) reste néanmoins favorable à la peine de mort, selon la même source.

« Mis en cage »

Phillip Hancock, exécuté jeudi au pénitencier de l’Oklahoma, dans la ville de McAlester, avait été condamné en 2004 pour le meurtre en avril 2001 deux membres d’un gang de motards violent, Robert Jett et James Lynch.

Le comité des grâces de l’État d’Oklahoma avait recommandé le 8 novembre que sa peine soit commuée en prison à perpétuité, mais le gouverneur républicain Kevin Stitt ne l’a pas suivi, malgré le soutien de plusieurs élus républicains, comme Kevin McDugle, selon qui « Phillip Hancock ne méritait pas la mort », pour un « acte de légitime défense ».

« J’ai honte qu’on lui ait enlevé la vie en notre nom », a affirmé dans un communiqué ce partisan déclaré de la peine de mort, appelant à un moratoire sur les exécutions en Oklahoma « jusqu’à ce qu’il soit possible de garantir que seules les personnes méritant vraiment la peine capitale soient condamnées à mort ».

« Il s’agissait clairement d’une situation de légitime défense et le gouverneur et l’État ont ignoré une série de preuves soutenant que Phil défendait sa vie », a également déploré un avocat du condamné, Shawn Nolan. « Il s’est battu pour ne pas rentrer dans une cage pour finalement être mis en cage et tragiquement tué par l’État. »

Phillip Hancock a toujours plaidé la légitime défense, assurant avoir été attiré dans un piège chez Robert Jett, qui se trouvait sous l’influence de la méthamphétamine et avait tenté avec James Lynch de le forcer à entrer dans une cage où il enfermait ses victimes pour les torturer.

Selon son récit, contesté par l’accusation et qui n’a pas convaincu les jurés, il s’est débattu, est parvenu à s’emparer du pistolet de Robert Jett et à abattre ses deux agresseurs avant de s’enfuir.

L’Oklahoma a repris les exécutions capitales en 2021 après six ans de moratoire en raison d’exécutions ratées en 2014 et 2015.

La peine capitale a été abolie dans 23 États américains, tandis que six autres observent un moratoire sur son application sur décision du gouverneur.