(Washington) Les procureurs fédéraux poursuivant Donald Trump pour ses tentatives d’inverser les résultats de l’élection de 2020 ont dévoilé mardi leur intention d’introduire des preuves démontrant, selon eux, que l’ex-président américain était déterminé à « rester au pouvoir à tout prix ».

Dans un document judiciaire, les services du procureur spécial Jack Smith mettent en avant que le républicain avait, à plusieurs reprises, refusé de promettre une transition pacifique en cas de défaite contre Joe Biden.

L’accusation « fournira des preuves que ce refus démontrait en lui-même la conspiration criminelle du prévenu, car elles exposent son projet de rester au pouvoir à tout prix, même face aux risques de violences », affirment les procureurs.

Donald Trump a été inculpé au niveau fédéral en août pour ses tentatives d’inverser les résultats de l’élection présidentielle de 2020, le milliardaire de 77 ans soutenant sans fondement avoir remporté le scrutin aux dépens de Joe Biden.

Son procès dans cette affaire doit s’ouvrir le 4 mars 2024, période clé de la campagne des primaires pour l’investiture républicaine à la présidentielle de la même année, pour lesquelles il est le grand favori des sondages.

Les avocats du magnat des affaires ont cherché à plusieurs reprises à retarder l’ouverture de ce procès, au-delà de l’élection de novembre 2024. Ils arguent entre autres que leur client bénéficie d’une « immunité absolue » pour des actes commis pendant qu’il était président.

Stratégie

Dans le document judiciaire dévoilé mardi, les procureurs ont esquissé une partie de la stratégie et des preuves qu’ils comptent utiliser pour ce procès inédit d’un ex-président.

Le ministère public « présentera un certain nombre de déclarations publiques » faites par Donald Trump, dans lesquelles il prévenait qu’il y « aurait de la fraude à l’élection présidentielle de 2020 », indiquent-ils.

« Ces déclarations ont instillé la défiance dans les résultats de l’élection présidentielle et ont servi de base aux efforts criminels du prévenu », ajoute l’accusation.

Les déclarations comprennent notamment un tweet de novembre 2012 dans lequel Donald Trump livre des « affirmations infondées » selon lesquelles les machines de vote ont changé les voix en faveur du candidat républicain d’alors, Mitt Romney, au profit du président démocrate sortant, Barack Obama.

Lors de sa campagne présidentielle de 2016 face à Hillary Clinton, le magnat de l’immobilier avait aussi « affirmé à plusieurs reprises, sans fondement, qu’une fraude électorale à grande échelle existait », poursuivent les procureurs.

Selon eux, ces affirmations erronées illustrent « le mobile, l’intention et le projet d’entraver la certification des résultats de l’élection de 2020 et de conserver de manière illégitime le pouvoir » par Donald Trump.

Les procureurs ont également fait un lien entre ces tentatives d’inverser les résultats des urnes et la journée du 6 janvier 2021, lorsque des centaines de partisans de Donald Trump ont pris d’assaut le Capitole à Washington, dans le but d’empêcher l’officialisation de la victoire de Joe Biden.

« Le prévenu a ouvertement et fièrement soutenu » ces individus, y compris « en suggérant qu’il les gracierait s’il était réélu », souligne l’accusation.

« Droit divin des rois »

L’argument de l’immunité supposée de Donald Trump a été balayé la semaine dernière par la juge chargée de ce procès.

« Quelles que soient les immunités dont pourrait bénéficier un président en exercice, les États-Unis n’ont qu’une personne à la tête de l’exécutif à la fois, et ce rôle ne confère pas à vie une carte “Sortez-de-prison” », avance-t-elle.

Le mandat présidentiel de Donald Trump ne lui a pas octroyé « le droit divin des rois d’échapper » à la justice, ajoute la magistrate.

Le procès dans cette affaire n’est qu’un des tracas judiciaires auxquels fait face l’ancien président.  

Début juin en Floride, Donald Trump avait ainsi déjà été inculpé au niveau fédéral, une première pour un ancien président américain. Il est accusé d’avoir mis la sécurité des États-Unis en péril en conservant des documents confidentiels, après son départ de la Maison-Blanche en janvier 2021, dans sa résidence de Floride, au lieu de les remettre aux Archives nationales comme l’y oblige la loi.

Donald Trump dénonce ses tracas judiciaires comme autant d’« ingérences électorales » à l’instigation de l’administration démocrate pour l’écarter de la course à la Maison-Blanche.