(Washington) Des élus républicains au Congrès américain ont annoncé mercredi lancer une procédure de destitution contre le secrétaire à la Sécurité intérieure Alejandro Mayorkas, qu’ils accusent d’être responsable de la crise migratoire à la frontière entre les États-Unis et le Mexique.

Cette annonce intervient au moment où près de 10 000 migrants traversent chaque jour la frontière américaine depuis le Mexique, et que le sujet est politiquement brûlant à quelques mois de l’élection présidentielle de novembre.

Les républicains qualifient la situation de désastre humanitaire et accusent le ministre de la Sécurité intérieure d’être à l’origine de la situation.

« Notre enquête a clairement montré que cette crise découle des prises de décision du ministre et de son refus d’appliquer les lois adoptées par le Congrès », a déclaré dans un communiqué Mark Green, le président de la commission de la sécurité intérieure à la Chambre des représentants.

« Son incapacité à respecter son serment exige qu’il rende des comptes », a-t-il ajouté. Une première audition doit avoir lieu mercredi 10 janvier.

« Depuis que le président Biden est au pouvoir, le gouvernement n’a fait quasiment rien pour protéger la frontière », a déclaré depuis cette dernière le président républicain de la Chambre, Mike Johnson.  

« Mais nous l’avons vu avec nos propres yeux, ils ont ouvert la frontière au monde entier », a-t-il lancé lors d’une conférence de presse au Texas, devant le Rio Grande, fleuve qui délimite la frontière avec le Mexique.

Négociations

Face à ces critiques, le ministère de la Sécurité intérieure a accusé les républicains de « gaspiller du temps précieux et l’argent des contribuables » dans une « manœuvre politique ».

Pour qu’Alejandro Mayorkas soit démis de ses fonctions, une majorité de parlementaires de la Chambre des représentants doit d’abord voter sa mise en accusation devant le Sénat, qui doit à son tour trouver une majorité des deux tiers pour achever le processus.

Un scénario pratiquement impossible étant donné que les républicains ne détiennent qu’une très fine majorité à la Chambre des représentants et que le Sénat est à majorité démocrate.

Le lancement de cette procédure de destitution n’en reste pas moins une épine dans le pied de Joe Biden, alors que les autorités ont recensé en décembre 302 000 interpellations de migrants entrés illégalement aux États-Unis, sans que celles-ci ne mènent forcément à une expulsion.

La Maison-Blanche et les parlementaires des deux camps négocient une réforme sur l’immigration, les républicains conditionnant leur soutien envers une nouvelle enveloppe d’aide pour l’Ukraine à un durcissement des mesures migratoires.

Depuis la frontière, Mike Johnson a par exemple demandé à Joe Biden de remettre en place une disposition utilisée par l’administration Trump permettant de refuser l’entrée des demandeurs d’asile jusqu’à leur audience devant un juge, le républicain assurant que cela réduirait de 70 % les entrées illégales.

Les maires démocrates de New York, Denver et Chicago – grandes villes qui voient affluer des cars de migrants envoyés par le gouverneur républicain du Texas – ont aussi fait pression sur le président démocrate pour qu’il agisse rapidement.

Le gouverneur du Texas, Greg Abbott, avait également promulgué le mois dernier une loi permettant aux forces de l’ordre texanes d’arrêt et d’expulser les migrants qui franchissent illégalement la frontière entre le Mexique et les États-Unis, une prérogative normalement réservée à l’État fédéral.

Le ministère fédéral de la Justice, à Washington, a annoncé mercredi déposer un recours contre le Texas, arguant que cette loi était anticonstitutionnelle.