(Washington) La prochaine présidentielle aux États-Unis représente le risque politique le plus important pour l’avenir de la planète car, quelle que soit son issue, les institutions démocratiques américaines seront malmenées, estime lundi l’Eurasia Group.

Dans son rapport annuel, le cabinet de conseil en risques politiques estime que le scrutin du 5 novembre « mettra à l’épreuve la démocratie américaine à un niveau que la nation n’a pas connu depuis 150 ans », une référence à la guerre civile américaine.

Les États-Unis sont déjà la démocratie industrielle avancée la plus divisée et dysfonctionnelle du monde. L’élection de 2024 va exacerber ce problème quel que soit le vainqueur.

Extrait du rapport annuel de l’Eurasia Group

« L’issue du scrutin se joue pour l’heure à pile ou face et la seule certitude est que le tissu social, les institutions politiques et la réputation internationale des États-Unis continueront d’être endommagés », ajoute le cabinet d’études.

Si Donald Trump, en position de tête pour les primaires républicaines, perd à nouveau face au président Joe Biden, il dénoncera probablement des fraudes massives et lancera des campagnes d’intimidation généralisées contre les fonctionnaires et les agents électoraux, selon le rapport.  

Cependant, en cas de victoire de Joe Biden, les États-Unis pourraient également être confrontés à une « crise politique sans précédent » si M. Trump est incarcéré dans l’une des nombreuses affaires pour lesquelles il est poursuivi, juge Eurasia Group. Des violences à grande échelle restent toutefois peu probables, selon le rapport.  

Joe Biden présente la campagne comme un combat pour sauver la démocratie d’une nouvelle présidence Trump, dont les partisans avaient pris d’assaut le Capitole le 6 janvier 2021 dans l’espoir d’empêcher la certification de la victoire de M. Biden.  

En cas de défaite, Joe Biden devrait s’incliner devant les résultats. Mais de nombreux démocrates contesteront la légitimité du magnat de l’immobilier et certains refuseront de confirmer sa victoire, en invoquant l’interdiction constitutionnelle faite à toute personne qui s’est « engagée dans une insurrection » d’entrer en fonction, selon Eurasia Group.  

Le cabinet d’études prédit en outre qu’un Donald Trump revenu à la Maison-Blanche se servira de l’État comme d’une « arme » pour pourchasser ses rivaux et écraser la dissidence.  

Eurasia Group classe la violence au Moyen-Orient au deuxième rang des risques mondiaux, la guerre entre Israël et le Hamas étant « susceptible de n’être que la première phase d’un conflit en expansion en 2024 ».  

Le troisième risque le plus important concerne l’Ukraine, l’étude prédisant que le pays sera de facto divisé en 2024 alors que Kyiv s’efforce de reprendre les zones saisies par la Russie.  

En tout état de cause, l’Ukraine accuserait un nouveau coup en cas de victoire de Donald Trump, qui ne fait pas mystère de son opposition aux milliards de dollars d’aide versés à Kyiv.