(Des Moines) Deux républicains ont tenté de se présenter comme la meilleure alternative au grand favori Donald Trump pour l’élection présidentielle américaine, tout en l’épargnant, lors d’un face-à-face télévisé mercredi soir à moins d’une semaine du début des primaires.

Nikki Haley et Ron DeSantis, largement devancés par Donald Trump dans les sondages pour l’investiture républicaine, jouaient un peu à quitte ou double lors de ce dernier débat avant le choix des électeurs de l’Iowa, petit État où l’enjeu est grand.

Mais il est rapidement apparu qu’ils étaient surtout en compétition pour être le dauphin de l’ancien président et non pour le devancer. Ils ont ainsi esquivé les occasions de le critiquer.

Ron DeSantis, gouverneur de Floride et conservateur pur et dur, a donné le ton dès le début en qualifiant Mme Haley de « politicienne à la bouche molle qui vous dit simplement ce qu’elle pense que vous voulez entendre ».

« Donald Trump se présente pour défendre ses idées. Nikki Haley se présente pour défendre les intérêts de ses donateurs. Je me présente pour défendre vos intérêts et ceux de votre famille et pour redresser ce pays », a-t-il poursuivi, reprenant une de ses phrases de campagne préférées.

Mme Haley, ancienne gouverneure de Caroline du Sud, a dénoncé l’emballement des dépenses de campagne de M. DeSantis et a renvoyé à plusieurs reprises les téléspectateurs vers un site internet consacré à l’énumération de tous les « mensonges » de son adversaire.

Les deux candidats ont passé une grande partie du débat à alterner les monologues et à s’attaquer avec hargne sur leur bilan et les politiques menées dans leurs États respectifs.

Christie jette l’éponge

Trois heures avant l’ouverture du débat, le seul candidat qui critiquait Donald Trump sans ménagement, Chris Christie, a annoncé qu’il jetait l’éponge. Il était si bas dans les sondages qu’il ne remplissait pas les critères fixés par le parti pour participer au débat de mercredi.

« Il est certain ce soir qu’il n’y a pas de voie pour que je remporte la nomination » du parti républicain pour la Maison-Blanche, « donc ce soir, je suspends ma campagne pour la présidence des États-Unis », a déclaré M. Christie à ses soutiens depuis Windham, dans l’État du New Hampshire.

Ancien gouverneur du New Jersey, l’homme de 61 ans fut jadis un soutien de Donald Trump, mais dépeint depuis le milliardaire comme égocentrique et malhonnête.  

Donald Trump a encore une fois choisi de snober le débat, estimant avoir une trop grande avance et qu’il n’avait rien à gagner à s’exposer à un possible feu roulant de critiques.

Mais il a de nouveau pris le soin d’organiser une contre-programmation, avec un évènement de campagne dans la même ville diffusée par la chaîne conservatrice Fox News pendant que ses deux rivaux débattaient sur CNN.

M. DeSantis « travaillerait dans une pizzeria ou peut-être dans un cabinet d’avocats » sans son aide pour sa carrière, a déclaré l’ancien président.

Il a aussi cherché à apaiser les craintes qu’il abandonne l’État de droit s’il retourne à la Maison-Blanche, assurant qu’il n’allait « pas être un dictateur ». « Je vais gérer comme nous l’avons fait », a-t-il ajouté. « Nous avons eu tellement de succès que le pays s’est uni ».

Selon l’agrégateur de sondages RealClearPolitics, Trump mène la danse dans l’Iowa avec 52,3 % des intentions de vote, loin devant Nikki Haley et Ron DeSantis chacun autour de 16 %.

Au plan national, l’homme d’affaires est crédité de 51,5 %.

Tremplin pour Haley

Son avance ne faiblit pas en dépit des procédures judiciaires contre lui, dont le calendrier est presque imbriqué à celui des primaires. Au contraire, le magnat a intégré les inculpations et les procès dans sa stratégie de campagne, jusqu’à utiliser sa photo d’identité judiciaire sur des tasses et des tee-shirts.

Mardi, il était ainsi devant la cour d’appel fédérale de Washington qui examine sa demande de bénéficier de l’immunité pénale en tant qu’ancien président. Et jeudi, il sera de nouveau devant le tribunal new-yorkais qui le juge au civil pour des soupçons de fraudes dans la gestion de la Trump Organization.

Un temps présenté comme une sérieuse menace pour Donald Trump, Ron DeSantis n’a jamais réussi à émerger.

Si bien qu’il se trouve maintenant à essayer de rester au contact de Nikki Haley, la rivale de Donald Trump ayant le plus le vent en poupe, et que son avenir passe quasi obligatoirement par un résultat très solide dans l’Iowa.

Pour Nikki Haley, une bonne prestation dans l’Iowa serait un tremplin idéal vers le scrutin suivant, le 23 janvier dans le New Hampshire, où les électeurs indépendants peuvent voter pour les primaires républicaines. Ces derniers pourraient lui accorder leurs faveurs, plus qu’à Donald Trump, resserrant potentiellement la course.