L’ancien président a remporté le scrutin de l’Iowa par une marge sans précédent

(Des Moines, Iowa) Coup de départ officiel de la course à la Maison-Blanche de 2024, les caucus républicains d’Iowa ont fourni lundi soir une première illustration de l’emprise de Donald Trump sur l’électorat de son parti en lui donnant une victoire historique. Tenus par un froid mordant, ils n’ont cependant pas produit un verdict aussi clair dans la lutte pour la deuxième place qui opposait Ron DeSantis à Nikki Haley.

L’ancien président a remporté le scrutin de l’État par une marge sans précédent d’environ 30 points de pourcentage : après le dépouillement de 95 % des voix, il avait récolté 51 % des suffrages, contre 21,3 % pour le gouverneur de Floride et 19,1 % pour l’ancienne gouverneure de Caroline du Sud.

Jamais un gagnant n’avait devancé son principal rival avec un écart aussi considérable lors de caucus républicains en Iowa n’impliquant pas un président sortant.

Le record précédent était détenu par l’ancien sénateur du Kansas Bob Dole, qui avait battu le télévangéliste Pat Robertson par 13 points de pourcentage lors des caucus de 1988.

Lors de son discours de victoire, Donald Trump s’est posé en rassembleur, tentant de faire oublier ses promesses habituelles de vengeance contre ceux qu’il perçoit comme ses ennemis.

PHOTO EVELYN HOCKSTEIN, REUTERS

Donald Trump s’est posé en rassembleur lors de son discours de victoire.

« Le moment est venu pour tout le monde, pour notre pays, de s’unir », a-t-il déclaré en vantant ses principaux rivaux, dont l’entrepreneur Vivek Ramaswamy, qui a remporté plus de 7 % des voix et annoncé par la suite son retrait de la course.

PHOTO SERGIO FLORES, REUTERS

L’entrepreneur Vivek Ramaswamy a remporté plus de 7 % des voix, lundi, et a annoncé par la suite son retrait de la course.

« Nous allons nous rassembler. Cela ne saurait tarder. C’est pour bientôt », a-t-il ajouté avant de tourner les yeux vers les cieux pour s’adresser à la mère de sa femme Melania morte la semaine dernière.

Mardi, Donald Trump devrait être à New York pour assister au début de son deuxième procès pour diffamation, intenté contre lui par l’ex-journaliste E. Jean Carroll, qui l’accuse de l’avoir violée dans les années 1990.

PHOTO CHENEY ORR, REUTERS

Les électeurs s’étaient rassemblés dans des écoles, des bibliothèques et des casernes de pompiers de l’Iowa.

Le mur du New Hampshire

D’ordinaire, le verdict des caucus républicains d’Iowa n’est pas concluant pour la suite des choses. Les Ted Cruz, Rick Santorum et Mike Huckabee font partie des gagnants de ce scrutin qui ont échoué à remporter la course à l’investiture présidentielle du Grand Old Party.

Le New Hampshire, dont la primaire républicaine aura lieu le 23 janvier, est souvent le premier mur que frappe le gagnant d’Iowa. Nikki Haley, qui rêve de créer la surprise dans cet État de la Nouvelle-Angleterre, a d’ailleurs évoqué cette tradition récemment.

PHOTO MARCO BELLO, REUTERS

Nikki Haley

« Vous savez que c’est l’Iowa qui commence. Vous savez que vous corrigez [son verdict] », a-t-elle déclaré lors d’un rassemblement au New Hampshire, suscitant les rires de la foule d’électeurs. « Et ensuite, c’est mon cher État, la Caroline du Sud, qui ramène les choses à la maison. »

La primaire républicaine de Caroline du Sud se déroulera le 24 février. Or, même si elle a servi cet État à titre de gouverneure, Nikki Haley accuse un retard important sur Donald Trump dans cet État, selon les sondages.

N’en déplaise à Nikki Haley, l’ampleur de la victoire de Donald Trump en Iowa donne à penser qu’il ne connaîtra pas le même sort que les Cruz, Santorum et Huckabee. Ce triomphe pourrait être le début d’une série ininterrompue de victoires qui pourraient permettre à l’ancien président d’être le candidat présidentiel de son parti pour la troisième élection consécutive.

Même s’il n’a pas d’organisation véritable au New Hampshire, Ron DeSantis a annoncé son intention de poursuivre sa campagne après sa deuxième place en Iowa. Le porte-parole de son équipe de campagne, Andrew Romeo, a accusé les médias d’« interférence électorale » après que l’Associated Press a déclaré Donald Trump gagnant des caucus 31 minutes après leur début.

PHOTO BRENDAN MCDERMID, REUTERS

Ron DeSantis

« Il est absolument scandaleux que les médias participent à l’ingérence électorale en annonçant la course avant même que des dizaines de milliers d’habitants de l’Iowa n’aient eu la possibilité de voter. Les médias sont à fond pour Trump et c’est l’exemple le plus flagrant à ce jour », a-t-il écrit sur X.

Avortement

Malgré l’éclat de sa victoire, Donald Trump ne sortira pas indemne d’Iowa. Lors d’une assemblée citoyenne tenue mercredi dernier à Des Moines, il a fait une déclaration sur l’avortement qui pourrait revenir le hanter s’il remporte l’investiture républicaine.

Lors de l’assemblée, une opposante à l’avortement lui a demandé de clarifier sa position sur le sujet et de l’assurer qu’il voulait « protéger les vies sans compromis ».

Tout en s’attribuant le « miracle » de l’élimination du droit à l’avortement, l’ancien président a mis en garde les républicains contre les positions extrêmes qui pourraient leur nuire sur le plan électoral.

L’équipe de campagne de Joe Biden a aussitôt attaqué Donald Trump, lui reprochant de s’être vanté « fièrement d’être celui qui s’est débarrassé de Roe c. Wade, ouvrant la voie aux extrémistes républicains à travers le pays pour adopter des interdictions draconiennes qui nuisent aux femmes et menacent les médecins ».

Elle ressortira sans doute au besoin le clip de la déclaration de l’ancien président.

Des sondages réalisés pour CNN à l’entrée des lieux de caucus comportent également des résultats qui pourraient nuire à Donald Trump dans une élection générale. Invités à dire si l’ancien président serait apte à la présidence s’il était condamné pour un crime, 64 % des républicains interrogés ont répondu par l’affirmative, alors que 31 % ont dit non.

Donald Trump pourrait difficilement être élu après une condamnation si 31 % des républicains l’abandonnaient.

Mais l’ancien président doit d’abord s’assurer d’être le candidat présidentiel du Parti républicain, ce qui ne dépend pas seulement des électeurs républicains, mais également des juges de la Cour suprême.