(Washington) Joe Biden a fait venir mercredi à la Maison-Blanche les chefs du Congrès pour les presser de poursuivre l’aide américaine à l’Ukraine, pour l’heure interrompue faute d’accord entre parlementaires républicains et démocrates sur une rallonge financière.

Le président américain « a été clair : l’incapacité du Congrès à agir met en danger la sécurité des États-Unis, l’OTAN et le reste du monde libre », selon un communiqué diffusé par la Maison-Blanche après la rencontre.

Le démocrate de 81 ans, qui s’était jusqu’ici tenu à l’écart des tractations parlementaires, a toutefois, selon la même source, relevé des « progrès encourageants » des discussions en cours au sein de l’une des deux chambres du Congrès, le Sénat, où son parti est majoritaire.

C’est une autre affaire à la Chambre des représentants, à majorité républicaine.

« Productive »

Son chef, le conservateur Mike Johnson, a dit en sortant que la réunion avait été « productive », et il a affirmé « comprendre l’importance » de l’aide à l’Ukraine.

Le républicain a toutefois déclaré qu’à ses yeux, « la plus grande priorité (était) la frontière » avec le Mexique, où arrivent chaque jour des milliers de migrants.

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Mike Johnson

Le président américain demande 61 milliards de dollars pour continuer l’assistance militaire à l’Ukraine, mais les républicains de la Chambre des représentants réclament en retour un net durcissement de sa politique d’immigration.

Le chef des sénateurs démocrates Chuck Schumer a lui estimé que la réunion autour de Joe Biden avait été « très positive » et a appelé à régler « en même temps » la question de l’immigration et celle de l’aide à l’Ukraine, sur la base d’un consensus entre les deux partis.

Il s’est dit « plus optimiste que jamais » sur la conclusion rapide au Sénat d’un accord englobant ces deux sujets, mais aussi l’aide à Israël et le soutien à Taïwan, les autres priorités stratégiques du président américain.

Avant la réunion, un porte-parole de la Maison-Blanche, John Kirby, avait évoqué le « besoin désespéré, urgent, d’une poursuite des livraisons d’armes et d’équipements à l’Ukraine ».

27 décembre

Il a rappelé que la dernière aide américaine avait été annoncée le 27 décembre, « il n’y en a pas eu d’autre depuis et il n’y en aura pas d’autre tant que nous n’aurons pas de financement », a-t-il ajouté.

Mike Johnson, arrivé à la tête de la Chambre des représentants en octobre dans des conditions rocambolesques, suite à une destitution inédite de son prédécesseur initiée par des élus trumpistes, joue une partition délicate.

Il a répété mercredi qu’il voulait des « réponses aux questions sur la stratégie » en Ukraine et sur l’« objectif final ».

Certains députés de la droite radicale ne veulent pas entendre parler de nouvelle aide pour l’Ukraine, et pourraient menacer de renverser à nouveau le « Speaker » si ce dernier agit en s’appuyant sur les élus démocrates.

« Le seul moyen de régler la question de la frontière et celle de l’Ukraine […] est par un consensus » entre représentants des deux partis, a pour sa part affirmé le sénateur démocrate Chuck Schumer.

Le Congrès américain négocie parallèlement un accord sur un financement temporaire afin d’empêcher une paralysie du gouvernement fédéral vendredi.

Le Sénat doit voter cette proposition jeudi après-midi, afin de « donner au Congrès le temps de continuer à travailler » sur un budget plus complet, a fait savoir M. Schumer mercredi en fin de journée.

La situation est également inconfortable pour Joe Biden, en campagne pour un second mandat et qui risque de mécontenter ses partisans les plus progressistes s’il durcit nettement la politique d’immigration.