(Rochester) A six jours de la primaire républicaine dans le New Hampshire, et déjà dos au mur face à l’ultra-favori Donald Trump, Nikki Haley s’est érigée mercredi soir devant ses partisans en rempart contre le « chaos » trumpiste et Joe Biden.

« Vous ne battrez pas le chaos démocrate avec le chaos républicain », a mis en garde celle qui fut ambassadrice à l’ONU sous Donald Trump, lors d’un rassemblement dans une salle de Rochester, une petite ville de l’État du nord-est des États-Unis, dont la primaire mardi prochain sera cruciale pour elle.

« J’ai voté deux fois pour Trump. Mais que ce soit juste ou pas, le chaos l’accompagne. Nous ne pouvons pas avoir un pays dans le désarroi, un monde en feu et aller vers quatre années supplémentaires de chaos. Nous n’y survivrons pas », a-t-elle aussi prévenu, ovationnée par 200 à 300 personnes après être entrée sur scène au son d’Eye of the Tiger, la musique de Rocky III.


Seule femme à droite à briguer la Maison-Blanche, Nikki Haley, 51 ans, est contrainte de réaliser un très bon résultat dans le New Hampshire mardi si elle veut bousculer Donald Trump, après le triomphe de ce dernier dans l’Iowa (51 %, contre 21 % pour Ron DeSantis, et 19 % pour elle).  

Elle est donc sous pression pour faire mieux que ce dernier, gouverneur de Floride, et obtenir un bon score, voire la victoire dans le New Hampshire pour tenter de rivaliser avec M. Trump.

Pour cela, elle compte rallier à sa cause le plus grand nombre de conservateurs modérés ou indépendants, dans ce petit État (1,4 million d’habitants) où les électeurs non enregistrés pour le parti républicain auront la possibilité de voter.

Trump « solide »

Car dans « l’État du granite », connu pour sa devise « Vivre libre ou mourir » et ses hivers rigoureux, « le soutien pour Trump semble solide », indique Dante Scala, professeur de sciences politiques à l’université du New Hampshire.

Selon un dernier sondage (Suffolk University/NBC10 Boston/Boston Globe), l’ancien président des États-Unis —— en campagne lui mercredi à Portsmouth, une ville de pêcheurs sur la côte Atlantique – obtiendrait 50 %, loin devant Nikki Haley (34 %) et Ron DeSantis (5 %).

D’après le politologue, Nikki Haley aura donc besoin d’aller chercher des voix au-delà de la base du Parti républicain, par exemple chez des électeurs déçus par Joe Biden, mais qui ne veulent pas pour autant soutenir Donald Trump, inculpé quatre fois au pénal et dont la rhétorique est devenue de plus en plus violente.

Pompier à la retraite et pilote d’aviation, Steven Lesniak, 59 ans, a bravé le froid pour venir écouter Nikki Haley, dans ce coin de l’État où se dressent des maisons cossues le long de routes enneigées. Il confie avoir été démocrate, « mais j’ai changé mon affiliation pour pouvoir voter à la primaire (républicaine) et avoir quelqu’un d’autre que Trump, et aussi que Biden ».

« Divisés »

Nikki Haley « a l’air d’être quelqu’un qui rassemblera les gens, les deux partis et fera en sorte que les choses avancent », assure-t-il, drapeau américain sur la manche de sa veste.  

« Nous devons tout faire pour que Trump ne revienne pas, c’est à cause de lui que nous sommes si divisés », ajoute-t-il.

Même tonalité chez Emily McCarthy, une travailleuse sociale de 43 ans venue de Merrimack avec son mari : « Je crois que dans le New Hampshire, on essaie de voir comment voter pour que Donald Trump ne soit pas le candidat républicain ».  

Mais Carol Collins, une professeure à la retraite de 62 ans, doute que sa candidate puisse bousculer l’ordre établi.  

« Je vois et j’écoute les gens, dans les restaurants, et ailleurs, et c’est toujours très trumpiste », dit-elle.

« La majorité des Américains disent qu’ils ne veulent pas (d’un) choix entre deux présidents de 80 ans », a insisté Nikki Haley, qui a déroulé les thèmes chers à l’électorat républicain, tels que la lutte contre l’immigration clandestine, la baisse de la dette, la fermeté face à la Chine.  

« Montagne à gravir »

Dans l’immédiat, elle doit aussi rassurer les donateurs qui financent sa campagne.

« J’aimerais encore la voir arriver quelque part, mais la montagne qu’elle doit gravir est énorme », a dit à CNBC l’homme d’affaires Andy Sabin, qui collecte des fonds pour elle.

Donald Trump a en tout cas rendu les coups. Sur son réseau Truth Social, l’une de ses publications mercredi est un montage photo montrant Nikki Haley sous les traits de Hillary Clinton, la démocrate qu’il a battue en 2016 et que ses partisans honnissent.

La compétition pour l’investiture républicaine s’achèvera formellement en juillet lors de la convention du parti conservateur.