(Manchester) Donald Trump tient lundi soir un rassemblement de campagne dans l’État du New Hampshire, théâtre mardi de primaires républicaines, son unique rivale Nikki Haley cherchant à barrer la route à l’ex-président après le retrait surprise du gouverneur de Floride Ron DeSantis.

Comme la semaine dernière, l’ultra favori du Parti républicain a fait la navette lundi entre ce petit État du nord-est et le tribunal de New York qu’il utilise comme une tribune électorale : il s’apprêtait à témoigner au procès en diffamation que lui intente une autrice, E. Jean Carroll, qui l’a accusé de viol et l’a fait condamner au civil en 2023 pour agression sexuelle.  

Mais un juré possiblement malade de la COVID-19 a contraint le juge a reporter l’audience à mercredi, soit au lendemain des primaires du New Hampshire.

Avec près de 20 points d’avance, ce sont de « bons sondages dans le New Hampshire. “Cervelle de moineau” est en baisse, je suis en hausse », a lancé Donald Trump sur son réseau Truth Social, insultant Nikki Haley, son ancienne ambassadrice à l’ONU et ex-gouverneure de Caroline du Sud.  

Il s’est permis ce week-end de la traiter de « pas assez dure […] pas assez intelligente […] pas assez respectée ».

« Raz-de-marée »

« Je suis à fond pour Trump », s’est exclamé Tony Ferrantello, architecte de 72 ans qui table sur un « raz-de-marée » mardi.

De même Denyne Sanville, une entrepreneure de 59 ans du Massachusetts voisin, dit qu’elle « n’aime pas vraiment [Nikki Haley] parce qu’elle semble proche de gens qui ont beaucoup d’argent et qui prennent [les autres] de haut ».  

L’ancien président doit rassembler un dernier rassemblement vers 21 h à Laconia (21 h [heure de l’Est] mardi), dans le New Hampshire, après que son autre rival, M. DeSantis, a jeté l’éponge dimanche en se ralliant à lui pour la présidentielle de novembre.  

Le gouverneur conservateur de Floride était arrivé deuxième dans l’Iowa le 15 janvier, mais n’était crédité que de 6 % des intentions de vote dans le New Hampshire.

Désormais seule en piste face à Donald Trump, Nikki Haley joue son va-tout après une décevante troisième place dans l’Iowa, remporté haut la main par l’homme d’affaires new-yorkais.

Aucun candidat n’a jamais échoué à remporter l’investiture républicaine après avoir gagné dans ces deux premiers États.

À moins d’un exploit de Mme Haley, la route semble donc dégagée pour une nomination républicaine de M. Trump cet été, face, sauf surprise, au président démocrate Joe Biden.

PHOTO CHARLES KRUPA, ASSOCIATED PRESS

L’ancienne ambassadrice à l’ONU Nikki Haley est la seule opposante à Donald Trump dans la course à l’investiture républicaine.

Ce dernier sera mardi en campagne en Virginie avec sa vice-présidente Kamala Harris sur le thème de l’avortement.

Mme Haley, qui tente de séduire des républicains modérés et des électeurs indépendants – autorisés à voter aux primaires des deux partis républicain et démocrate sans y être affiliés – rend les coups contre M. Trump, 77 ans.

« Il n’est juste pas au même niveau qu’en 2016 », a-t-elle attaqué sur CBS en jugeant l’ancien président en « déclin » et risquant de provoquer le « chaos ».

Mais elle n’aura pas la tâche facile.

« Super d’avoir Haley »

Avant le retrait de M. DeSantis, elle pointait au moins 15 points derrière M. Trump dans les moyennes des sondages de RealClearPolitics et FiveThirtyEight. La récente bonne dynamique dont elle a bénéficié semble s’être tassée.

Une bonne performance n’est toutefois pas à exclure, ce qui placerait Mme Haley en bonne position pour la prochaine primaire du 24 février en Caroline du Sud qu’elle a dirigée.

« Je pense que cela serait super d’avoir Nikki Haley présidente », a dit Madison Gillis, 18 ans, qui votera pour la première fois mardi où la républicaine a « sa chance ».

Le New Hampshire ne représente que 22 délégués, sur un total de 1215 qui désigneront le candidat républicain à leur convention en juillet à Milwaukee (Wisconsin).  

Mais par rapport à des États plus conservateurs, le New Hampshire donne une meilleure indication d’un possible succès électoral national et aux primaires suivantes.

Notamment le « Super Tuesday » du 5 mars où 874 délégués sont en jeu et peuvent offrir trois quarts du nombre nécessaire de délégués pour remporter la nomination. Les soutiens de Donald Trump estiment qu’il devrait franchir cette barre cruciale en mars ou avril au plus tard.

Car l’ex-président veut aller vite face à l’horloge judiciaire : en mars, s’ouvriront deux procès au pénal le visant, dont celui pour ses tentatives d’inverser le résultat de la présidentielle de novembre 2020. Il guette aussi la date du 8 février quand la Cour suprême des États-Unis doit commencer à étudier son dossier d’inéligibilité dans le Colorado.

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