(Washington) Les républicains à la Chambre américaine des représentants ont échoué mardi à inculper le secrétaire de Biden chargé de l’immigration, Alejandro Mayorkas, qu’ils accusent d’avoir provoqué une crise migratoire à la frontière entre les États-Unis et le Mexique.

« C’est l’architecte en chef de la catastrophe », a tonné Mike Johnson, le chef de la Chambre des représentants, quelques heures avant le vote, qui a échoué à quelques voix près.

Les démocrates, pourtant minoritaires à la Chambre basse du Congrès, ont balayé la procédure, assurant que les républicains tentaient de faire du secrétaire un bouc émissaire en pleine année électorale.

Malgré ce camouflet pour le Parti républicain, la situation n’en reste pas moins un casse-tête pour Joe Biden, à neuf mois de la présidentielle.

L’immigration s’est imposée comme un des sujets phares de la campagne pour la présidentielle de novembre, qui opposera selon toute vraisemblance le président Joe Biden à son rival républicain Donald Trump.

Et les républicains à la Chambre, nombreux à être proches de l’ancien président Donald Trump, affirment que le dirigeant démocrate a laissé le pays se faire « envahir » sous sa présidence. Ils prennent pour exemple le chiffre record de migrants arrêtés à la frontière, 302 000 en décembre.

Le principal intéressé, Alejandro Mayorkas, a lui maintes fois dénoncé la procédure en destitution des républicains, leur reprochant de « gaspiller du temps précieux et l’argent des contribuables » dans une « manœuvre politique ».

La dernière inculpation d’un ministre par le Congrès remontait à… 1876. Le ministre de Guerre William Belknap, accusé de corruption, avait démissionné avant la fin de la procédure de destitution.

« Pas un motif de destitution »

La Constitution prévoit que le Congrès peut destituer le président, un secrétaire, ou des juges fédéraux en cas de « trahison, corruption ou autres crimes et délits majeurs ».

La procédure se déroule en deux étapes.

D’abord, la Chambre des représentants vote, à une majorité simple, des articles de mise en accusation détaillant les faits reprochés : c’est ce qui s’appelle « impeachment » en anglais.

C’est ce vote qui a eu lieu mardi après-midi.

La plupart des élus républicains ont fait bloc en faveur d’une inculpation d’Alejandro Mayorkas, mais quatre parlementaires de ce camp ont voté contre, certains estimant la sanction largement disproportionnée.  

« Bien qu’inexcusable, son incompétence ne constitue pas un motif de destitution au regard de la Constitution », a jugé Ken Buck, élu républicain du Colorado.

Tous les démocrates se sont également opposés à la mesure.

S’il avait été mis en accusation, le Sénat aurait dû ensuite faire le procès du secrétaire. En tout état de cause, la chambre haute du Congrès est actuellement aux mains des démocrates, ce qui rendait une destitution du secrétaire très improbable.