(Washington) Le procureur spécial chargé d’enquêter sur la rétention de documents confidentiels par Joe Biden a décidé de ne pas recommander de poursuites mais décrit le président américain comme un « homme âgé avec une mauvaise mémoire » dans son rapport publié jeudi.

Si cette décision attendue dissipe de possibles tracas judiciaires pour le président démocrate, qui s’apprête à affronter son prédécesseur républicain Donald Trump en novembre pour une revanche de l’élection de 2020, elle expose de nouveau sa principale vulnérabilité : son grand âge, 81 ans.

Nommé en janvier 2023 par le procureur général Merrick Garland, le procureur spécial Robert Hur conclut que Joe Biden a « sciemment gardé et divulgué des documents classifiés après sa vice-présidence alors qu’il était un simple citoyen ».

PHOTO DÉPARTEMENT DE AL JUSTICE, FOURNIE À L’ASSOCIATED PRESS

Cette nomination faisait suite à la découverte en 2022 de documents classés confidentiels datant de l’époque où Joe Biden était vice-président (2009-2017) dans sa résidence de Wilmington, dans le Delaware.

Mais il considère qu’« une inculpation ne se justifierait pas », estimant notamment qu’un jury accorderait le bénéfice du doute à « un homme âgé sympathique, bien intentionné, avec une mauvaise mémoire ».

Lors d’un rassemblement démocrate jeudi en Virginie, M. Biden s’est déclaré « content » que le procureur ait décidé de ne pas le poursuivre.

Il a assuré avoir pleinement coopéré avec l’enquête, y compris lors d’un entretien de cinq heures sur deux jours avec le procureur spécial et son équipe en octobre 2023, au tout début de la « crise internationale » déclenchée par l’attaque sans précédent du Hamas palestinien en Israël à partir de la bande de Gaza.

Le président a insisté sur la différence entre son attitude dans cette affaire et celle de Donald Trump, 77 ans, poursuivi pénalement pour avoir emporté des centaines de documents confidentiels après son départ de la Maison-Blanche et accusé d’« obstruction à la justice » dans cette affaire.

« Terminologie insultante »

Donald Trump a réagi au rapport dans un communiqué en dénonçant « un système judiciaire à deux vitesses ». « L’affaire de documents de Biden est différente de la mienne et 100 fois plus grave. Je n’ai rien fait de mal et j’ai bien plus coopéré » avec les enquêteurs, assure-t-il.

Le procureur spécial relève pourtant dans son rapport le « contraste » entre l’attitude des deux hommes dans leurs dossiers respectifs, soulignant que selon l’acte d’accusation M. Trump a ordonné « à des tiers de détruire des preuves et de mentir ».

L’état-major républicain à la Chambre des représentants, dont son président Mike Johnson, a aussitôt exploité les observations du procureur spécial, jugeant que ce rapport « profondément dérangeant » montre que le président est « inapte » à exercer ses fonctions.

La nomination de M. Hur comme procureur spécial faisait suite à la découverte en décembre 2022 et janvier 2023 de documents classés confidentiels datant de l’époque où Joe Biden était vice-président (2009-2017), notamment sur l’engagement militaire américain en Afghanistan, dans sa résidence de Wilmington, dans le Delaware, ainsi que dans un ancien bureau.  

Dans son rapport de 388 pages, M. Hur évoque notamment son entretien avec Joe Biden au cours duquel il dit avoir constaté que « sa mémoire avait empiré ».

« Il ne se souvenait plus quand il était vice-président », ne sachant plus exactement en quelle année son mandat avait commencé ou s’était achevé, ni exactement l’année du décès de son fils aîné Beau, y affirme-t-il.

Joe Biden « ne se souvient pas quand il était vice-président mais il est apte à être le commandant en chef de l’armée ? », a réagi Wesley Hunt, un élu trumpiste du Texas.

Le conseiller juridique de la Maison-Blanche, Richard Sauber, ainsi que l’avocat personnel de M. Biden, Bob Bauer, ont salué dans une lettre en annexe du rapport la décision du procureur spécial de ne pas engager de poursuites mais regretté des « commentaires déplacés » de sa part.

« Nous pensons que la présentation de la mémoire du président Biden n’est ni exacte ni appropriée. Le rapport utilise une terminologie très insultante pour évoquer un cas de figure courant chez les témoins : des lacunes dans les souvenirs remontant à plusieurs années », écrivent-ils.

« De tels commentaires n’ont rien à faire dans un rapport du département de la Justice », ajoutent-ils.