(Columbus) Deux anciens hauts dirigeants de FirstEnergy Corp. ont été accusés lundi d’avoir participé à un stratagème de corruption de 60 millions US (80,6 millions CAN) en Ohio lié au plan de sauvetage législatif de deux centrales nucléaires de cet État, qui a déjà abouti à une peine de 20 ans de prison pour un ancien président du Capitole de l’État.

Le procureur général de l’Ohio, Dave Yost, a annoncé lundi lors d’une conférence de presse en ligne que l’ancien PDG de FirstEnergy Chuck Jones et l’ex-vice-président principal Michael Dowling avaient été accusés en raison de leur rôle dans cette affaire de corruption massive. Les deux hommes avaient été limogés en octobre 2020 pour avoir enfreint les politiques et le code de conduite de l’entreprise.

Après qu’un grand jury du comté de Summit a déposé des accusations contre MM. Jones et Dowling vendredi, a déclaré M. Yost, les deux hommes ont promis de se rendre lundi à la prison du comté de Summit. Ils n’ont pas tenu cette promesse et M. Yost a affirmé qu’il prévoyait qu’ils seraient arrêtés plus tard lundi.

PHOTO PHIL MASTURZO, AKRON BEACON JOURNAL VIA ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Charles Jones, en 2015

Sam Randazzo, ancien président de la Commission des services publics de l’Ohio, fait déjà face à 11 chefs d’accusation centrés sur des allégations selon lesquelles il aurait accepté des pots-de-vin de la part de FirstEnergy, basée à Akron, en échange de faveurs réglementaires.

Il a démissionné en novembre 2020, après que des agents de la police fédérale (FBI) ont fouillé sa maison de Columbus et que FirstEnergy a révélé dans des documents de sécurité qu’elle lui avait versé 4,3 millions US (5,7 millions CAN) pour sa future aide à la commission, un mois avant que le gouverneur républicain Mike DeWine ne le nomme le principal régulateur des services publics de l’Ohio.

L’État a accusé Chuck Jones, Michael Dowling et Sam Randazzo d’un total combiné de 27 chefs au pénal en relation avec cette affaire de corruption massive, notamment de pots-de-vin, de vol, de participation à des activités de corruption, de falsification de documents et de blanchiment d’argent.

« Cet acte d’accusation concerne plus d’un texte législatif, a précisé le procureur Yost lundi. Il s’agit de la capture hostile d’une partie importante du gouvernement de l’État de l’Ohio par tromperie, trahison et malhonnêteté. »

La plus importante affaire de corruption de l’histoire de l’Ohio

Les actes d’accusation tant attendus marquent le dernier développement dans ce qui a été qualifié de plus grande affaire de corruption de l’histoire de l’Ohio.

L’ancien président du Capitole de l’Ohio, Larry Householder, a été condamné en juin à 20 ans de prison pour son rôle dans l’orchestration du projet, et le lobbyiste Matt Borges, ancien président du Parti républicain de l’Ohio, a été condamné à cinq ans.

Le bureau du procureur américain de Cincinnati a inculpé trois autres personnes pour racket en juillet 2020. Le lobbyiste Juan Cespedes et Jeffrey Longstreth, l’un des principaux stratèges politiques de Householder, ont plaidé coupables en octobre 2020 et attendent leur peine. La troisième personne arrêtée, le lobbyiste de l’État Neil Clark, a plaidé non coupable avant de se suicider en mars 2021.

L’obscur groupe financier utilisé pour canaliser l’argent de FirstEnergy, Generation Now, a également plaidé coupable à une accusation de racket en février 2021.

Tous ont été accusés d’avoir utilisé les 60 millions US en espèces secrètement financés par FirstEnergy pour faire élire les candidats républicains choisis par Householder à la Chambre en 2018, puis pour l’aider à être élu président du Capitole en janvier 2019. L’argent a ensuite été utilisé pour obtenir l’adoption d’une loi biaisée sur l’énergie et de mener ce que les autorités ont qualifié de campagne de coups bas de 38 millions US (51 millions CAN) pour empêcher qu’un référendum d’abrogation ne soit déclenché.

En juillet 2021, Dave Yost a demandé à un juge de Columbus d’ajouter Chuck Jones, Michael Dowling et Sam Randazzo à un procès intenté par son bureau contre FirstEnergy.

Une plainte pénale de 81 pages du FBI datant de juillet 2020 détaille comment les dirigeants de FirstEnergy, basé à Akron, ont interagi avec Householder et d’autres personnes inculpées dans le cadre du stratagème, y compris 84 contacts téléphoniques entre M. Jones et l’ancien président de la Chambre et 14 contacts téléphoniques entre MM. Dowling et Householder.

FirstEnergy a admis son rôle dans le stratagème de corruption dans le cadre d’un accord de poursuites différées de juillet 2021 avec le département américain de la Justice. L’entreprise a accepté de payer 230 millions d’amendes et d’accomplir une longue liste de réformes, dans un délai de trois ans, afin d’éviter d’être poursuivie au criminel pour complot fédéral.

Un exposé des faits signé par l’actuel PDG et président de FirstEnergy, Steven Strah, expose en détail l’implication de MM. Jones, Dowling, Randazzo et d’autres personnes dans le stratagème de corruption. Les avocats de Sam Randazzo ont qualifié les affirmations contenues dans le document de simples « ouï-dire » destinés à maintenir le géant de l’énergie hors de l’eau chaude judiciaire.