(Washington) Une procureure de l’État américain de Géorgie, qui poursuit Donald Trump en l’accusant d’avoir tenté d’inverser les résultats de l’élection de 2020, s’est défendue jeudi, d’un ton passionné et parfois outré, de tout conflit d’intérêts lié à sa vie intime.

Fani Willis a reproché aux avocats de l’ancien président de diffuser des « mensonges » visant à la discréditer.  

« C’est extrêmement blessant », a-t-elle lancé, forcée de déballer une partie de sa vie privée au tribunal, les débats étant de surcroît télévisés.  

Cette audience s’est déroulée devant un juge saisi par Donald Trump qui demande un abandon des poursuites qui le visent en Géorgie, en affirmant que la procureure Willis est coupable d’une faute professionnelle liée à une liaison intime.

Le magistrat, Scott McAfee, devra décider si la relation entre la procureure et l’enquêteur chevronné qu’elle a recruté, Nathan Wade, équivalait ou non à un conflit d’intérêts.

Pour M. Trump et ses co-accusés, inculpés dans cet État du Sud d’actions illicites visant à inverser les résultats de l’élection de 2020, la cause est entendue : Mme Willis et M. Wade ont entretenu une « relation personnelle intime inappropriée ».

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Nathan Wade (à droite) a déclaré dans un document judiciaire avoir entamé cette relation avec Fani Willis en 2022, et a affirmé n’avoir « tiré aucun fonds ou gain financier personnel de son rôle en tant que procureur spécial ».

Dans leur argumentaire versé au tribunal, ils affirment que la somme de 650 000 dollars payée à M. Wade pour son travail lui a notamment permis d’offrir à Mme Willis des « vacances luxueuses », notamment une croisière dans les Caraïbes.

De son côté, la procureure chargée d’instruire le dossier a bien admis une relation amoureuse avec le juriste qu’elle avait engagé, mais a nié toute faute professionnelle.

La demande de M. Trump est donc « infondée », a estimé Fani Willis dans un document judiciaire, en assurant qu’elle n’avait aucune relation intime avec Nathan Wade au moment où elle l’a recruté en novembre 2021.

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L'ex-président américain Donald Trump

Ce dernier a assuré pendant l’audience avoir entamé cette relation avec Fani Willis en 2022, et a affirmé n’avoir tiré aucun gain financier personnel de son rôle en tant que procureur spécial.

Mais Robin Bryant Yeartie, une ancienne amie et collègue de la procureure qui a également témoigné jeudi, a elle dit que Mme Willis et M. Wade avaient commencé une « relation personnelle romantique » fin 2019.

Ce à quoi Fani Willis a rétorqué : « Elle a trahi notre amitié ».  

Mise sur la sellette, la procureure a toutefois tenu à remettre les choses en place, en désignant ses contradicteurs.  

« Ces personnes sont jugées pour avoir essayé de voler une élection en 2020 », a-t-elle lancé. « Je ne suis pas jugée, aussi durement essayiez-vous de me juger ! »

Le juge McAfee a prévu un autre jour de débats au tribunal.

Donald Trump, favori des primaires républicaines pour la présidentielle de novembre, a plaidé non coupable dans l’affaire de Géorgie.

Depuis la fin de son mandat en 2021, plusieurs procès visent l’ancien magnat des affaires.  

Dans le cadre d’une autre procédure judiciaire, portant sur un achat présumé du silence d’une actrice de films pornographiques, il s’est rendu jeudi à un tribunal de New York, où le juge lui a signifié qu’il devra bien comparaître en procès pénal à partir du 25 mars, le premier de l’histoire pour un ancien président des États-Unis.