(National Harbor) Sur l’estrade, on parle de loi et d’ordre, de liberté religieuse et d’un idéal de gouvernement réduit au minimum, pendant que d’autres s’amusent autour d’un flipper qui tourne en dérision l’assaut du Capitole aux États-Unis.  

« J6 Insurrection », qui se veut un jeu « éducatif », est l’une des attractions les plus prisées de l’édition 2024 du CPAC, la grand-messe annuelle des conservateurs américains, qui se tient cette semaine dans la banlieue de Washington.  

« Vous rendez l’Amérique fière », peut-on entendre Donald Trump crier à travers les haut-parleurs, alors qu’un joueur fait lancer la petite balle pour marquer des points.  

La voix de l’ex-président résonne alors que tournent des images vidéo réelles de l’insurrection contre le Congrès le 6 janvier 2021 par les partisans du républicain, protestant violemment contre sa défaite face au démocrate Joe Biden.  

PHOTO ALEX BRANDON, ASSOCIATED PRESS

Un jeu ayant pour thème l’insurrection du 6 janvier 2021

« J’ai l’impression que l’objectif était de pousser les gens à agir et c’est ce qui s’est passé », fait valoir Jon Linowes, fier trumpiste et développeur à l’origine de ce jeu.

Pour cet entrepreneur du New Hampshire, comme pour beaucoup au CPAC, les plus de mille partisans de Donald Trump inculpés pour l’assaut du Capitole sont des « prisonniers politiques ».

Le jeu offre différentes options avec des noms qui rappellent les slogans de Donald Trump et les théories du complot chères aux « trumpistes » : « fake news », « prisonniers politiques » ou encore « empêcher le vol » (de l’élection de 2020).

« Je voulais montrer ce que je considère être la réalité de ce qui s’est passé le 6 janvier face au discours dominant que vous voyez dans tous les médias », affirme Jon Linowes.

« Larmes woke »

Pendant que les vedettes de l’extrême droite attirent les foules, des vendeurs proposent des bonbons, des cigares, des t-shirts, des tasses et des livres, tous à l’effigie de Donald Trump, avec pour Joe Biden, des images le représentant tout à tour en vieillard gâteux ou… en nazi.

On peut aussi acheter des friandises estampillées « Make America Great Again » (le célèbre slogan de Donald Trump) ou encore une bouteille « Woke Tears », contenant ironiquement des larmes « woke », référence à cette idéologie de gauche des campus américains honnie des conservateurs.  

PHOTO ALEX BRANDON, ASSOCIATED PRESS

Une figurine représentant Donald Trump

Le concept : des personnes « woke » forcées d’entendre « pendant des heures » des discours de Donald Trump, provoquant chez elles des sanglots dont les larmes sont récupérées dans un seau, plaisante le fondateur de « Woke Tears », J. P. Mohr, un Californien de 25 ans.

Cette année, le CPAC se tient à huit mois de l’élection présidentielle, avec un probable match retour entre Donald Trump et Joe Biden.

La tournure que prend cet évènement, autrefois vitrine des idées dominantes au sein du camp conservateur, témoigne de l’évolution du parti républicain, largement accaparé par Donald Trump.

Des t-shirts affichent la célèbre photo de ce dernier, prise par la police lors de son arrestation l’année dernière en Géorgie.

Car l’ex-homme d’affaires a fait de ses quatre inculpations pénales des arguments de campagne pour rallier ses partisans face à ce qu’il dénonce comme une « chasse aux sorcières ».

« Trump est ma voix. Il représente ce que je pense », confie Ana Villalobos, une Salvadorienne qui vit à New York, vendant des hamacs à 550 dollars à l’effigie, eux aussi, de Donald Trump, avec des pompons dorés représentant la coiffure blonde de l’ancien président.