(New York) Donald Trump a de nouveau qualifié de « corrompu » mardi le juge Juan Merchan qui présidera son procès pénal à partir du 15 avril à New York, tandis que ses avocats comptent demander la récusation du magistrat.

« Je viens juste d’apprendre qu’un autre juge new-yorkais corrompu, Juan Merchan, m’a BAILLONNE pour que je ne puisse pas évoquer la corruption et les conflits [d’intérêt] dans la salle d’audience », a écrit sur son réseau Truth Social le candidat des républicains à la présidentielle de 2024.

Lundi, le juge avait étendu l’interdiction déjà faite à Donald Trump de s’en prendre publiquement aux témoins, aux jurés ou au personnel du tribunal, en précisant que les membres de sa propre famille ou celle du procureur de Manhattan Alvin Bragg devaient aussi être protégés de ses attaques pour une bonne administration de la justice.

Cette nouvelle restriction faisait suite à des attaques de Donald Trump contre la propre fille du magistrat, une consultante politique qui a travaillé pour des candidats démocrates.

Dans une note datée de lundi, et diffusée mardi, les avocats de Donald Trump affirment comme leur client qu’il s’agit d’un conflit d’intérêts pour le juge et lui demandent que la question de sa récusation soit examinée.

« Votre Honneur a un intérêt dans cette affaire qui justifie sa récusation », écrivent-ils à l’adresse du juge Merchan, après avoir obtenu fin mars un report de trois semaines du procès. Le parquet de Manhattan a demandé au juge de rejeter cette demande.

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Le juge Juan Merchan

De son côté, le juge a estimé dans sa décision lundi que « le prévenu a le droit, protégé par la Constitution, de s’exprimer librement auprès des électeurs américains et de se défendre publiquement », mais que « le fait d’attaquer les membres de la famille » du personnel judiciaire « assignés à ses affaires ne sert aucun objectif légitime » et fait peser « un risque suffisant sur l’administration de la justice ».

« Cela ne fait qu’inspirer la crainte aux personnes participant à la procédure que non seulement elles, mais aussi les membres de leurs familles, sont exposées aux attaques au vitriol du prévenu », a ajouté Juan Merchan.

Le juge lui-même et le procureur Bragg ne sont pas concernés par les limitations de parole imposées à Donald Trump. Lors du procès, qui commence le 15 avril et va bousculer sa campagne électorale, Donald Trump sera jugé coupable ou non coupable par un jury de citoyens.

L’ancien président des États-Unis comparaîtra dans une affaire de paiements dissimulés pour éviter des révélations embarrassantes pendant la présidentielle de 2016, dont 130 000 dollars pour acheter le silence d’une ancienne vedette du porno sur une relation présumée qu’il réfute.  

Donald Trump encourt théoriquement jusqu’à une peine de prison s’il est reconnu coupable, un scénario sans précédent pour un candidat à la présidentielle américaine.