Le président Barack Obama s'est rendu en Louisiane, hier, pour constater l'étendue de la marée noire, en voie de devenir la pire catastrophe pétrolière à survenir en sol américain.

«Je ne me reposerai pas, et personne ici ne va se reposer, tant que la fuite n'est pas colmatée à la source, la région nettoyée et les gens sortis du pétrin, a-t-il dit. Nous n'allons épargner aucune ressource pour nettoyer les dommages.»

Le gouvernement fédéral a ordonné l'arrêt de la pêche commerciale le long de la côte de la Floride jusqu'à la Louisiane, où l'arrivée de la marée noire est jugée imminente.

Obama devait survoler le golfe du Mexique en hélicoptère hier, mais la pluie et la brume ont réduit la visibilité. Son hélicoptère est donc resté près de la côte, et le président n'a pas pu voir le déversement. Il s'est entretenu avec le commandant de la garde côtière, l'amiral Than Allen, ainsi qu'avec le gouverneur de la Louisiane, Bobby Jindal.

Environ 800 000 litres de pétrole sont projetés chaque jour dans les eaux du Golfe depuis l'explosion d'une plateforme de forage au large de la Louisiane, le 20 avril. La situation devient plus critique de jour en jour, à mesure que la marée noire se rapproche des côtes.

Le président de BP America, Lamar McKay, a dit hier que colmater la brèche est l'équivalent de «tenter une opération à coeur ouvert à 1500 m sous l'eau en utilisant des robots commandés à distance».

M. McKay attribue la fuite à un «bris d'équipement».

«À l'heure actuelle, nous ne savons pas pourquoi cette pièce d'équipement a connu une défaillance», a-t-il dit à l'émission This Week.

Colmater cette brèche constitue une tâche extrêmement difficile et sans précédent, selon les experts, qui affirment que le déversement pourrait persister durant des mois et contaminer les plages de la Floride et même de la côte est américaine.

L'océanographe Ian MacDonald, professeur à la Florida State University, a calculé que le volume de pétrole déjà déversé équivaut à celui de la marée noire de l'Exxon Valdez, survenue en Alaska en 1989.

«Selon mes estimations, la marée noire compte 38 millions de litres de pétrole actuellement. Et le déversement prend de l'ampleur.»

Le déversement de l'Exxon Valdez a engendré une marée noire de 41 millions de litres. Le pétrole que l'Exxon Valdez a déversé était d'une consistance plus épaisse que celui actuellement propulsé du fond du golfe du Mexique.

Bob Kenney, pêcheur dans la petite communauté de Venice, estime que l'entreprise BP n'était pas prête à faire face à un accident de la sorte.

«C'est comme Katrina au ralenti. Mes enfants vont encore parler de l'effet de cette catastrophe quand ils vont avoir mon âge.»

«Une botte sur le cou de BP»

Le secrétaire de l'Intérieur, Ken Salazar, a signalé que les efforts pour colmater la brèche au fond du Golfe pourraient prendre «des mois».

L'une des méthodes envisagées est le forage d'un puits auxiliaire, qui atteindrait les vastes réserves de pétrole, situées à plus de 5 km de profondeur. Cette opération nécessite de deux à quatre mois de travail.

«Durant ce temps, beaucoup de pétrole pourrait s'échapper, a dit M. Salazar. C'est potentiellement très catastrophique. Je crois que nous devons nous préparer au pire. Nous devons nous assurer de protéger le public américain et l'environnement», a-t-il dit, ajoutant que le rôle de son agence était de «garder une botte sur le cou de BP» pour que la société nettoie les côtes contaminées.

Le déversement actuel sera très certainement plus coûteux à résorber que ne l'a été celui de l'Exxon Valdez, qui a coûté 3,5 milliards en efforts de nettoyage et plus de 5 milliards en poursuites subséquentes.

BP, responsable de la plateforme pétrolière, a été vivement critiquée en fin de semaine pour avoir donné une estimation initiale du déversement largement en deçà de la réalité.

Efforts en marche

Des centaines de personnes ont fait la file, hier, dans la petite municipalité de Boothville, en Louisiane, dans l'espoir de trouver du travail pour nettoyer les dégâts que cause la marée noire.

Les zones marécageuses situées au sud de La Nouvelle-Orléans risquent d'être gravement touchées par l'arrivée de l'eau contaminée. Les experts craignent que ces marécages ne deviennent des terres boueuses et perdent leur capacité de servir de refuge à plusieurs espèces d'oiseaux. Les marécages agissent également comme une zone tampon pour freiner l'arrivée des ouragans.

L'arrivée massive des dépôts de pétrole pourrait tuer les hautes herbes présentes dans ces marécages. Laissées sans protection, les terres de la région seraient avalées par la mer en quelques mois.



- Avec l'Associated Press