Les patrons des entreprises impliquées dans le déversement pétrolier en cours dans le golfe du Mexique ont pour la première fois essuyé les critiques des sénateurs américains, hier.

Ceux qui s'attendaient à un mea-culpa ont été déçus. Les dirigeants ont essentiellement jeté le blâme sur leurs collègues.

 

«Nous savons que nous serons jugés par la façon dont nous répondons à la crise», a dit le président de BP, Lamar McKay. Il a ensuite laissé entendre que Transocean, société propriétaire de la plateforme de forage, était à l'origine de la catastrophe, qui a coûté la vie à 11 employés de BP le 20 avril dernier.

Le patron de Transocean, Steven Newman, a montré du doigt l'entreprise Halliburton, chargée de couler la colonne de ciment censée sécuriser le puits.

«La seule chose que nous savons, c'est que la colonne de ciment a connu une défaillance. Sans cette défaillance, l'explosion n'aurait pas pu se produire.»

Le président de Halliburton, Tim Probert, a souligné que la tâche de superviser la mise en place de la colonne de ciment incombait à BP.

Ce raisonnement circulaire a semblé déplaire au sénateur républicain du Wyoming, John Barrasso, qui siège au Comité sénatorial sur l'énergie et les ressources naturelles.

«Je n'entends qu'un seul message, et ce message est: ne me blâmez pas», a-t-il dit.

Ironie du sort: la séance s'est déroulée dans la salle où avaient eu lieu les audiences sur le naufrage du Titanic, en 1912, a noté le sénateur Robert Menendez, démocrate du New Jersey.

«La technologie du Titanic était tellement avancée que le bateau était réputé insubmersible, a-t-il dit. La plateforme de forage Deepwater Horizon était elle aussi si avancée qu'elle ne devait pas provoquer de déversement.»

Les dirigeants seront de retour devant le Sénat aujourd'hui pour la deuxième journée d'audience.

Cinq fois plus important?

Parallèlement, un second dôme de contention a été envoyé sur les lieux du déversement, hier. Les ingénieurs de BP comptent tenter de le mettre en fonction d'ici demain. Le premier dôme s'était révélé inadéquat.

Selon BP et la Garde côtière américaine, 800 000 litres de pétrole s'échappent quotidiennement du puits défaillant au fond du golfe du Mexique. Un nombre qui est bien en deçà de la réalité, estime un océanographe de l'Université de l'État de la Floride.

Ian MacDonald soutient que le déversement est cinq fois plus important: 4 millions de litres de pétrole sont projetés chaque jour, selon lui.

«Je base mes observations sur l'analyse des plus récentes images satellites prises dans le golfe du Mexique», a dit M. MacDonald lors d'une rencontre sur la marée noire organisée samedi à Pensacola, en Floride.

La marée noire couvre maintenant 18 000 km2, surface impossible à remplir avec le débit qu'a déclaré BP, a soutenu le scientifique.

Un porte-parole de BP a dit hier que l'entreprise évaluait toujours le déversement à 800 000 litres par jour.