Pour la seconde fois ce mois-ci, le président Obama se rendra en Louisiane, où la marée noire se répand maintenant depuis 36 jours.

Le président est attendu dans la région vendredi. La visite survient alors que la tension monte à Washington et sur la côte du golfe du Mexique au sujet de l'incapacité de BP à colmater la fuite et à protéger les marécages et les berges. BP doit tenter aujourd'hui de mettre en place la prochaine opération en vue de boucher le puits.

Barack Obama semble lui-même être en train de perdre patience. Affichant d'ordinaire un air placide, le président américain se serait emporté en privé contre l'ampleur du désastre.

 

«Bouchez ce putain de puits», aurait-il récemment dit à un assistant, selon le Washington Post. Le journal rapporte que la tâche de tenir le président informé des derniers développements n'est pas agréable pour ses assistants, car Obama est irrité par la situation dans le Golfe.

Parallèlement, de plus en plus de démocrates critiquent ouvertement la réponse de BP, de même qu'un certain détachement perçu chez le gouvernement fédéral.

L'ex-directeur de la campagne de Bill Clinton, James Carville, a dit que l'administration Obama était «naïve» et «indolente» devant la catastrophe. Selon ce natif de La Nouvelle-Orléans, BP cherche à faire des économies, pas à protéger la région du Golfe. Et Obama a tout à perdre dans cette crise, selon lui. «Il faut que quelqu'un aille les secouer (le gouvernement, NDLR), leur dire: «Ces gens ne vous veulent pas de bien! Ils vont vous couler»», a-t-il récemment affirmé sur CNN.

L'option d'écarter BP des opérations de secours ne semble pas être envisagée pour le moment. Le patron de la Garde côtière, Thad Allen, chargé de superviser la lutte contre la marée noire, s'y oppose.

«Écarter BP du chemin pose une question: les remplacer par qui?» s'est-il interrogé. Selon la loi, a-t-il noté, la responsabilité des opérations de nettoyage incombe à BP, sous supervision fédérale.

«Top kill»

Hier, BP s'apprêtait à mettre en place la prochaine opération: la méthode «top kill», selon laquelle du ciment est propulsé dans la valve de sécurité pour tenter de bloquer le flot du pétrole. Cette méthode n'est pas infaillible: les ingénieurs de BP placent leurs chances de succès à 60 ou 70%. Il est aussi possible qu'une éventuelle erreur dans l'opération aggrave la fuite.

Hier, BP a signalé que la caméra braquée en permanence sur la fuite de pétrole serait fermée durant l'opération de colmatage. Cette décision a provoqué des critiques dans les médias et à Washington. Le représentant démocrate Edward Markey l'a qualifiée de «scandaleuse» dans un communiqué.

En soirée, BP a dit qu'elle revenait sur sa décision, et que la caméra resterait en fonction durant l'opération. Les images seront diffusées en direct sur l'internet.

Hier, le gouvernement fédéral a admis être «insatisfait» de la réponse de BP au sujet de l'utilisation d'un produit dispersant potentiellement dangereux pour la vie marine et humaine dans le golfe du Mexique.

La semaine dernière, le ministère de l'Environnement avait ordonné à BP de cesser d'utiliser le produit Corexit dans le Golfe. Ce produit, dont l'utilisation est interdite en Grande-Bretagne, a été lié à des problèmes chez les humains après la catastrophe de l'Exxon Valdez. BP conteste cette affirmation et continue d'utiliser le produit, dont elle possède des réserves importantes.

Sur l'internet: https://globalwarming.house.gov/spillcam