Comme le tueur d'un film d'horreur qui reprend son carnage au moment où les spectateurs avaient commencé à croire en sa mort, le pétrole s'est remis à couler librement dans le golfe du Mexique après l'échec de l'opération mise en branle mercredi dernier pour colmater le puits accidenté de BP.

Et il pourrait en être ainsi jusqu'au mois d'août, un scénario envisagé par l'administration Obama, qui s'est dite «préparée au pire» dimanche. BP a également évoqué cette hypothèse.

«Nous n'avons pas été capables d'arrêter l'écoulement et nous passons à l'option suivante», a annoncé samedi Doug Suttles, directeur de l'exploitation du groupe pétrolier britannique, qui avait estimé à 60 à 70 % les chances de succès de l'opération baptisée top kill, méthode de colmatage avec des boues épaisses et du ciment.

La nouvelle procédure qu'a mise en oeuvre BP n'a jamais été tentée à 1500 mètres de profondeur. Celle-ci consiste à envoyer des robots sous-marins sectionner la colonne endommagée d'où s'échappe le pétrole et à la recouvrir d'un couvercle de confinement étanche destiné à pomper le brut sans colmater la fuite.

Opération risquée... et temporaire

«Et le succès n'est pas garanti», a reconnu Suttles en précisant que la nouvelle opération pourrait prendre de quatre à sept jours.

Barack Obama a fait la même mise en garde samedi après l'annonce de l'échec de l'opération top kill, qui a ajouté au désespoir des communautés de la côte louisianaise, dont le mode de vie est menacé.

«Ce dispositif n'est pas sans risque et n'a jamais été expérimenté auparavant à cette profondeur, a-t-il déclaré. C'est pour cela que ça n'a pas été mis en oeuvre avant que toutes les autres options n'aient été tentées.»

«Nous ne nous laisserons pas fléchir tant que cette fuite n'est pas contenue, tant que les eaux et rivages ne seront pas nettoyés, et tant que les personnes injustement victimes de cette catastrophe provoquée par l'homme n'auront pas obtenu compensation», a ajouté le président, dont la gestion de la pire marée noire de l'histoire américaine fait l'objet de critiques.

La nouvelle stratégie de BP n'est pas une solution permanente à la fuite qui a déversé de 68 à 151 millions de litres de pétrole dans le golfe du Mexique depuis l'explosion de la plateforme Deepwater Horizon le 20 avril. Le groupe pétrolier a commencé le forage de deux puits de secours qui pourraient stopper la fuite de façon définitive.

Les puits de secours ne seront cependant pas achevés avant le mois d'août.

«Si nous pouvons contenir le flot du puits entre maintenant et le mois d'août et faire en sorte que le pétrole ne se répande plus dans la mer, ce serait une issue positive», a déclaré dimanche le directeur général de BP, Bob Dudley, lors d'une entrevue sur CNN. «Ensuite, si nous parvenons à totalement arrêter l'écoulement grâce à un puits secondaire, ce serait aussi une bonne nouvelle.»

Scepticisme

Le public américain accueillera sans doute les dernières déclarations des responsables de BP avec une bonne dose de scepticisme. Au cours des premiers jours de l'opération top kill, ceux-ci ont laissé entendre à plusieurs reprises que la procédure se déroulait de façon normale ou encourageante.

Chose certaine, l'administration Obama «est préparée au pire», c'est-à-dire l'hypothèse où la fuite continuerait jusqu'en août, a indiqué Carol Browner, responsable de la politique énergétique à la Maison-Blanche. En attendant, la marée noire est «probablement le plus important désastre environnemental» qu'aient jamais connu les États-Unis, a-t-elle affirmé dimanche matin lors d'une entrevue sur NBC.

Browner a précisé que la nouvelle stratégie de BP pour contenir la fuite pourrait, à court terme, augmenter le flot du pétrole qui s'échappe du puits endommagé. Et même si cette stratégie fonctionne, le couvercle de confinement pourrait ne pas être complètement étanche, a reconnu le directeur général de BP lors d'une entrevue sur ABC.