Tandis que la marée noire s'approchait dangereusement des côtes de Floride, BP a franchi hier la première étape de sa nouvelle opération pour contenir la fuite de pétrole dans le golfe du Mexique, un développement positif qui ne garantit cependant pas le succès final de cette procédure délicate.

L'amiral des garde-côtes Thad Allen, chargé des opérations de nettoyage, a annoncé hier matin que des robots sous-marins, travaillant à 1500 mètres de profondeur, étaient parvenus à sectionner la colonne montante du puits d'où s'échappe le pétrole depuis 44 jours, une «avancée significative» selon lui. L'étape suivante consiste à placer un dôme de confinement sur la fuite, un dispositif qui fonctionnera comme un entonnoir permettant de récupérer et de transférer le pétrole vers un bateau-citerne en surface.

En après-midi, le patron de BP, Tony Hayward, a estimé que le groupe pétrolier saurait «d'ici 12 à 24 heures» si la nouvelle méthode est un succès. Après les échecs des dernières semaines, il s'est gardé d'exprimer un trop grand optimisme.

«Comme nous l'avons toujours dit, rien de tout cela n'a jamais été fait, donc il y a toujours un risque», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse au centre d'opération de BP à Houston.

La première étape de l'opération de BP ne s'est pas déroulée sans problèmes. Mercredi, le groupe pétrolier a dû renoncer à sectionner la conduite montante à l'aide d'une scie en diamant. L'utilisation de cisailles a résulté en une coupe irrégulière qui pourrait diminuer l'étanchéité du dôme de confinement.

La nouvelle opération de BP a lieu au moment où des nappes de pétrole isolées ont été signalées par les garde-côtes à une dizaine de kilomètres des plages de Pensacola, destination touristique populaire de Floride. Selon le gouverneur de cet État, Charlie Crist, la Floride pourrait être touchée d'ici la fin de la semaine.

Obama «furieux»

En attendant, la Maison-Blanche a annoncé que Barack Obama fera aujourd'hui sa troisième visite dans la région du Golfe depuis le début de la marée noire, un signe de l'impact de cette catastrophe sur sa présidence. À la veille de ce déplacement, le président a profité d'une entrevue avec l'animateur Larry King de CNN pour assurer le public américain qu'il se rendait pleinement compte de l'ampleur de la tragédie.

«Cette situation me rend furieux parce qu'elle illustre que quelqu'un n'a pas pensé aux conséquences de ses actions. La pollution ne met pas seulement en danger quelques personnes. Elle met en danger tout un style de vie et une région tout entière pour ce qui pourrait durer des années», a-t-il dit.

Faisant allusion aux critiques qui lui reprochent sa froideur supposée face à la pire marée noire de l'histoire de son pays, le chef de la Maison-Blanche a déclaré qu'il adorerait «passer beaucoup de temps à tempêter et à hurler».

«Mais ce n'est pas pour cela que j'ai été embauché. Mon travail est de résoudre ce problème, et en fin de compte, ce n'est pas de moi ou de la colère que j'éprouve qu'il s'agit.»