BP se montrait confiant vendredi, après avoir enfin enregistré un succès en plaçant un entonnoir sur le conduit provoquant la marée noire dans le golfe du Mexique, tandis que le président Barack Obama s'apprêtait de nouveau à venir constater les dégâts de visu.

La «grande majorité» du pétrole devrait être récupérée grâce à l'entonnoir mis en place jeudi soir, s'est réjoui vendredi le directeur d'exploitation de BP, Doug Suttles, sur la chaîne ABC, offrant enfin une nouvelle optimiste, 46 jours après le début de la catastrophe. Le groupe britannique est allé jusqu'ici d'échec en échec pour stopper l'écoulement de brut à 1 500 mètres de profondeur, qui a provoqué la pire marée noire jamais vue aux États-Unis.

«Je suis assez confiant dans le fait que ça va marcher. Cela ne captera sans doute pas la totalité du flux (de brut). Mais cela devrait en capter la grande majorité», a dit M. Suttles.

Interrogé pour savoir à quel moment BP pourra dire avec certitude si la méthode fonctionne, il a répondu: «je pense que nous le saurons dans la journée».

Le responsable de BP a affirmé que l'entonnoir devrait sans doute permettre de réduire l'écoulement à moins de 160 000 litres par jour, alors que jusqu'à présent la fuite était évaluée à plus de 2 millions de litres quotidiens.

BP compte ensuite sur la construction de deux puits de secours qui devraient être opérationnels à la mi-août, pour stopper définitivement la fuite.

De son côté, le directeur général de BP Tony Hayward a indiqué vendredi au cours d'une conférence avec les investisseurs qu'il faudrait environ 48 heures pour évaluer la quantité de pétrole captée.

Ce dernier était dans le collimateur de la presse américaine vendredi, le New York Times affichant en Une au dessus d'une photo du dirigeant grimaçant un article titré: «Un autre débordement que BP cherche à maîtriser: celui de son PDG».

Jugeant ce dernier «enclin aux gaffes», le quotidien cite plusieurs de ses déclarations récentes, notamment lorsqu'il a assuré que «l'impact du désastre sur l'environnement sera sans doute très, très modeste», ou encore lorsqu'il a dit vouloir «retrouver «sa» vie d'avant» la marée noire, avant de s'en excuser.

Dans une colonne, un journaliste du Washington Post va encore plus loin, appelant au départ du dirigeant.

«Comment se fait-il que le patron de BP Tony Hayward n'ait pas été viré? À ce stade, comment quelqu'un peut-il croire un mot de ce qu'il dit? S'il me disait que ma mère m'aime, je chercherais à obtenir confirmation», écrit le journaliste.

M. Hayward s'exprimait de son côté dans une tribune publiée dans le Wall Street journal vendredi, dans laquelle il défend les actions de son groupe face à la marée noire. Il compare notamment la situation de ses équipes face à la pollution à celle qu'ont connu les astronautes de la célèbre mission Apollo 13, «obligés d'innover en temps réel».

La nappe se rapproche toujours de la Floride, après avoir lourdement touché la Louisiane, et dans une moindre mesure l'Alabama et le Mississippi.

D'ores et déjà, les autorités ont approuvé une déclaration «de catastrophe pour la pêche» en Floride, ce qui permettra de débloquer des fonds pour venir en aide aux pêcheurs.

M. Obama, qui a reconnu être «furieux» en raison de la pollution, devait se rendre vendredi en Louisiane, pour sa troisième visite dans la région depuis la marée noire.

Dans le même temps, BP continuait pour le troisième jour consécutif son offensive publicitaire dans les grands quotidiens américains, assurant sur une pleine page: «nous en viendrons à bout».