Le président américain Barack Obama, qui s'est promis mardi de «botter des fesses» pour la marée noire face à des Américains sévères quant à la réaction de leurs dirigeants, effectuera un nouveau voyage lundi et mardi dans la région touchée.

«Le lundi 14 et le mardi 15 juin, le président Obama va se rendre dans le Mississippi, en Alabama et en Floride pour évaluer les dernières mesures en date pour lutter contre la marée noire de BP», a indiqué mardi la présidence américaine.

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Il s'agira de la quatrième visite de M. Obama dans la région, après trois autres voyages d'une journée depuis le 2 mai en Louisiane, l'Etat jusqu'ici le plus affecté par les conséquences du naufrage fin avril de la plateforme pétrolière Deepwater Horizon, exploitée par BP.

Les Américains jugent sévèrement la réaction de leurs dirigeants: selon un sondage ABC News/Washington Post, 69% des personnes interrogées ont une mauvaise opinion de la gestion de la crise par l'administration Obama. Quant à BP, sa réaction est jugée négativement par 81% des sondés.

Plus alarmant pour M. Obama, l'attitude de son administration est jugée plus sévèrement que celle de l'administration précédente face à l'ouragan Katrina en 2005, qui avait été dévastatrice pour George W. Bush.

Le président américain a répondu mardi aux critiques selon lesquelles son administration aurait réagi tardivement. «J'étais là-bas il y a un mois, avant que la plupart de ces beaux parleurs ne prêtent la moindre attention au golfe» du Mexique, a-t-il dit.

Il a aussi expliqué discuter avec les experts «parce qu'ils sont potentiellement les plus à même de me dire à qui il faut botter les fesses».

Interrogé par la chaîne NBC, M. Obama a aussi laissé entendre qu'il était favorable à une démission du patron du géant britannique BP, Tony Hayward, qui a multiplié les déclarations maladroites.

Tony Hayward témoignera le 17 juin pour la première fois devant le Congrès dans le cadre d'une audition sur la marée noire.

La présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a indiqué mardi qu'elle souhaitait faire passer d'ici au 4 juillet un projet de loi destiné notamment à refondre le service de gestion des ressources minières (MMS) qui supervise l'exploitation pétrolière en mer, critiqué pour son laxisme, et à relever le plafond des indemnisations dues par les compagnies pétrolières en cas de dégâts écologiques et économiques.

Le ministère des Affaires intérieures a d'ores et déjà édicté mardi de nouvelles normes que les groupes pétroliers devront respecter avant de se lancer dans de nouveaux forages, pour éviter une répétition de la catastrophe.

Plusieurs médias américains ont rapporté par ailleurs qu'une seconde marée noire serait en cours dans le golfe du Mexique, sur la plateforme Ocean Saratoga, exploitée par la compagnie Diamond Offshore. Les autorités n'avaient pas pu confirmer l'information mardi soir.

Dans le golfe du Mexique, BP a accéléré depuis la semaine dernière la récupération du pétrole qui s'échappe du puits grâce à la pose d'un entonnoir. Mais le brut continuera de couler tant que les puits de dérivation ne seront pas opérationnels, théoriquement en août.

BP, qui a déjà dépensé 1,25 milliards de dollars pour lutter contre la pollution, et qui a annoncé mardi un nouveau fonds d'aide consacré à la réhabilitation de la faune, espère augmenter la capacité de récupération de pétrole qui s'élève actuellement à près de 15 000 barils (plus de 2 millions de litres).

Jusqu'ici, les autorités ont estimé qu'entre 2 et plus de 3 millions de litres s'écoulaient chaque jour.