La France, qui s'est farouchement opposée à la guerre en Irak, est en pourparlers pour reprendre ses ventes d'équipements militaires à Bagdad pour la première fois depuis près de deux décennies, selon des dirigeants français et irakiens.

La France, un des plus grands vendeurs d'armes du monde, qui a fourni à une époque des armes au régime de Saddam Hussein, essaierait ainsi de revenir sur un marché militaire lucratif dominé par les États-Unis depuis l'invasion de l'Irak en 2003. D'après les autorités, la vente d'hélicoptères serait notamment envisagée. Il ne s'agit pas «de remplacer les Américains, ou de les rejeter», a expliqué vendredi, lors d'un entretien à l'Associated Press, Jawad Bashara, conseiller pour les médias et l'information à l'ambassade d'Irak à Paris. «L'Irak a besoin de renouveler sa capacité militaire, et a besoin d'avoir plusieurs fournisseurs d'armements, pas un seul État».

D'après lui, une délégation dirigée par le patron de l'armée de l'air irakienne est attendue en France dans les deux semaines qui viennent pour «finaliser» un contrat portant sur l'acquisition de 30 hélicoptères de surveillance et de secours, avec une option sur 20 appareils supplémentaires. Il n'a pas précisé de quel type d'appareil il s'agissait, ni donné le montant du contrat, affirmant seulement que ce serait en dessous du prix de catalogue pour cet équipement.

Des responsables français et irakiens discutent aussi de la possibilité de faire entraîner des Irakiens par des militaires français, et de ventes de pièces pour des systèmes d'armements de fabrication française, a-t-il ajouté.

Un responsable militaire français a confirmé sous couvert de l'anonymat que des discussions étaient en cours depuis plus d'un an sur la reprise de liens militaires avec l'Irak. Selon lui, la France n'a pas vendu d'équipements militaires à l'Irak depuis 1990, quand les Nations unies avait imposé un embargo commercial suite à l'invasion irakienne au Koweït qui avait déclenché la Guerre du Golfe.

D'après un diplomate français, s'exprimant également sous couvert d'anonymat, Paris est prêt à équiper l'Irak avec du matériel militaire dans le cadre du soutien apporté par le gouvernement français au processus d'«irakisation» du pays, alors que les forces américaines rendent peu à peu le contrôle du territoire aux troupes irakiennes.

Pour parvenir à un éventuel accord, il faudra de toute façon du temps, et le feu vert de nombreux protagonistes au sein du gouvernement irakien pour éviter toute corruption. Le gouvernement est particulièrement prudent depuis que des accusations de corruption ont été lancées contre un ancien responsable des achats dans le domaine de la défense, Ziad Cattan.

Ces dernières années, les États-Unis et la Grande-Bretagne ont été les principaux fournisseurs de l'Irak en matériel militaire, même si le gouvernement irakien a aussi acheté à la Russie des hélicoptères de combat.

Selon Jawad Bashara, le contrat éventuel concernant des hélicoptères français a pris forme lors d'une visite en Irak, en mai dernier, du ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner. À l'époque, le premier ministre irakien Nouri al-Maliki avait «exprimé le désir de l'Irak de fournir à ses forces armées des armes françaises sophistiquées», selon un communiqué de ses services.