Le congrès de Reims pour la direction du PS s'est terminé sur un blocage total. Les militants voteront jeudi.

Ségolène or not Ségolène? C'était la question du congrès de Reims, qui s'est terminé sans apporter de réponse. Les 130 000 militants du PS, appelés à se prononcer jeudi partout en France, trancheront entre les ambitions et les haines personnelles.

Les socialistes français n'ont pas l'exclusivité des guerres fratricides et des affrontements de personnes. Mais ils ont, plus que les autres, le don de faire durer les guerres indéfiniment sans jamais signer de traité de paix ou reconnaître de vainqueur, même provisoire.

 

Le congrès du Parti socialiste, qui se tenait depuis vendredi après-midi à Reims pour la succession de François Hollande, après 11 ans d'un «règne» plus que mitigé, s'est terminé hier midi sur un blocage total. Comme prévu, personne n'a voulu faire alliance avec Ségolène Royal, dont la «motion» est arrivée en tête avec 29% des voix, mais qui reste donc loin de la majorité absolue.

En face, les trois autres chefs de file -Martine Aubry, Bertrand Delanoë, et le représentant de la gauche du parti, Benoît Hamon- n'ont pas réussi à s'entendre pour constituer une majorité. Les petites haines et rancoeurs personnelles entre leaders que rien ne sépare vraiment ont été plus fortes que le désir qu'ils avaient d'empêcher par tous les moyens Ségolène Royal de s'emparer du PS et de préparer une nouvelle candidature à la présidence en 2012.

Le congrès de Reims s'est ouvert sur une équation bien connue. Ségolène Royal, candidate malheureuse à la présidentielle de 2007, conserve des appuis enthousiastes à la base du parti, même s'ils ont fondu de moitié: elle avait remporté les primaires au sein du PS par 60% des voix dès le premier tour. Elle est arrivée à Reims avec une majorité relative, mais seulement 29% des voix. La gauche orthodoxe du parti, menée par le jeune député européen Benoît Hamon, avait environ 19%.

«Bataille de dames»

Tout se jouait donc entre le maire de Paris, Bertrand Delanoë, et la mairesse de Lille, Martine Aubry. Donné grandissime favori il y a un mois, Delanoë était le grand perdant du vote militant puisque sa motion n'obtenait que 25%, pratiquement à égalité avec Aubry. Sur le fond, absolument rien ne les sépare: leurs partisans viennent d'ailleurs des mêmes courants centristes. Raison de plus pour se détester.

S'ils s'étaient entendus sur un candidat de compromis à la direction, la cause aurait été entendue, et le congrès se serait terminé sur le nom d'un vainqueur et une majorité. Mais justement: Delanoë, qui estimait s'être fait «voler» sa victoire par Aubry, s'est retiré sans se rallier à personne. Martine Aubry, in extremis, a décidé d'y aller en personne. Tout comme le minoritaire Hamon, qui, selon toute probabilité, empêchera «Ségolène et Martine» d'obtenir une majorité absolue au premier tour, jeudi. Il devrait donc y avoir un second tour vendredi, pour départager ce qu'on appelle désormais cette «bataille de dames». Duel entre Martine, la socialiste traditionnelle, fidèle pour les uns, issue du «vieux» PS pour les autres. Et Ségolène, rénovatrice pour certains, incohérente pour d'autres.

L'une des deux aura la majorité des voix. Mais ce ne sera pas nécessairement la fin de la guerre.