«Nous sommes traités comme des animaux, nous sommes souvent frappés par la police, tous les vendredis nous passons la nuit dans la rue en espérant obtenir un bout de papier le samedi», se lamente en ourdou, Ali, un Pakistanais qui se bat pour sa régularisation en Grèce.

Debout, comme les centaines de sans papiers qui envahissent chaque vendredi un parking près de la «Direction de la Police pour les étrangers», Ali Barkatali va rester au moins 17 heures sur place dans l'espoir de figurer parmi les 300 migrants qui seront reçus samedi à l'aube par les autorités. Muhammad Amser, 40 ans, un Pakistanais qui sert de traducteur, va également passer la nuit pour la quinzième fois sur ce terrain de la zone industrielle d'Athènes, à 4 km du centre-ville, pour tenter de déposer une demande d'asile samedi, seul jour de la semaine fixé par les autorités pour recevoir les sans papiers.

Selon la loi, les migrants arrivés après 2005 n'ont pas droit à une carte de séjour et «la seule solution est la demande d'asile», une procédure longue et limitée, explique à l'AFP Anastassios Festas, chef de la Direction de la Police.

Sur un million de migrants qui vivent actuellement en Grèce, près de 200 000 ne sont pas régularisés. Ces derniers mois, le nombre de sans papiers, des Pakistanais pour la plupart, n'a cessé de s'accroître.

Et tenant compte du faible taux d'octroi du droit d'asile en Grèce, l'un des plus bas en Europe, la régularisation de la majorité de ces migrants reste peu probable.

«Ma priorité est de sauver ma vie, le gouvernement au Pakistan est dangereux et corrompu, je veux l'asile soit en Grèce soit en Italie, ou dans n'importe quel pays en Europe», s'énerve Mandi Bahandu, 18 ans.

Ses deux frères ont déjà quitté leur pays et travaillent en Arabie saoudite, mais lui a choisi de se diriger vers l'Europe via la Turquie et la mer Egée, comme de nombreux migrants d'Asie arrivant en Grèce.

Devant la foule des migrants, un barrage a été mis en place avec les véhicules de police et les forces anti-émeutes. De l'autre côté de l'avenue Pétrou Rali, les migrants forment une file de chaque côté de la rue Salaminos, où se trouve l'entrée de la Direction de la police. Certains restent debout ou accroupis.

Assise sur la chaussée, une jeune Ougandaise refuse de parler. À côté d'elle, Dwen Rassel, un Bengladais de 30 ans, affirme être là pour la huitième fois depuis trois mois qu'il est à Athènes. «Je veux rester en Grèce, je veux du boulot», dit-il.

En fin de soirée, les sans papiers remplissent la rue Salaminos, un concert d'une association de soutien interrompt la circulation sur Pétrou Rali.

«Il faut que les autorités s'organisent autrement, il faut accorder un jour de plus dans la semaine aux migrants (...), c'est dangereux tant de gens dans les rues», affirme Monir Ahmet Sindu, représentant de l'Association des Pakistanais en Grèce.

Il rappelle la chute mortelle fin octobre d'un Pakistanais dans un ravin proche des locaux de la police, accusant les forces anti-émeutes d'avoir provoqué sa mort en le poursuivant, et parle des coups de matraque que ses compatriotes avaient alors reçus. Samedi à 00H00 HAE, la bousculade commence, les policiers ne laisseront entrer que 300 des 2 000 migrants présents.

La foule proteste, un migrant est hospitalisé d'urgence après une chute dans le ravin incriminé. L'avenue Pétrou Rali est envahie. Un amas d'ordures est incendié et la circulation est de nouveau interrompue.

Une section des forces anti-émeutes est sur le point d'intervenir. Une heure plus tard, les migrants se dispersent. Un nouveau rendez-vous leur est fixé pour vendredi prochain.