Comme dans d'autres capitales européennes, le centre-ville de Londres est devenu une mer de drapeaux palestiniens hier après-midi. Plus de 50 000 manifestants, dont la chanteuse Annie Lennox, ont dénoncé les raids israéliens dans la bande de Gaza et l'immobilisme du gouvernement de Gordon Brown.

Malgré le temps ensoleillé, les mines étaient grises au point de ralliement de la marche, près du parlement britannique, vers 13 h. Munis de photos de bébés ensanglantés et de pancartes «Free Palestine», les protestataires, très jeunes, scandaient «Allahou Akbar» («Dieu est grand» en arabe) et des slogans contre Israël.

«Nous nous sentons abandonnés par le monde entier, même par les pays arabes, a affirmé à La Presse Tamer Baransi, Palestinien de 19 ans qui étudie à Londres. Interrogé sur ses allégeances politiques, il a répondu: «Nous ne sommes ni pour le Hamas ni pour le Fatah ; nous sommes Palestiniens, nous sommes un peuple.»

Non loin de là, un jeune homme avait dissimulé le bas de son visage sous un keffieh, foulard noir et blanc devenu le symbole de la résistance palestinienne. «Je m'en fous si ça intimide les gens. Je fais ça pour montrer mon opposition à Israël», a dit l'étudiant, qui a voulu garder l'anonymat.

Pour faire écho au soulier lancé à la tête de George Bush en décembre, des centaines de manifestants ont jeté des chaussures aux portes de Downing Street, le quartier général du premier ministre Gordon Brown.

«Notre gouvernement ne fait rien pour aider les Palestiniens», a dit Razan Al-Akraa, 18 ans.

Au terme du défilé, plusieurs personnalités, dont Annie Lennox, ont prononcé des discours enflammés à Trafalgar Square. La plupart des militants ont demandé que l'ambassadeur britannique à Jérusalem soit rappelé en signe de protestation.

«Les troupes israéliennes sont sur le point d'envahir Gaza, a affirmé Annie Lennox. Les dirigeants du monde doivent demander un cessez-le-feu maintenant! La seule solution est la discussion.»

L'ancien maire de Londres, Ken Livingstone, a quant à lui comparé l'occupation israélienne des territoires palestiniens au régime d'apartheid sud-africain.

Comme à Paris, où plus de 20 000 personnes ont défilé, la tension a monté d'un cran en soirée, quand la manifestation s'est déplacée devant l'ambassade israélienne dans le chic quartier de Kensington High Street.

Des milliers de policiers antiémeute et de manifestants se sont regardés en chiens de faïence pendant quelques heures. Tout au plus, des drapeaux israéliens ont été brûlés et des projectiles ont été lancés vers les policiers.

Toutefois, des femmes ont affirmé à La Presse avoir vu des agents attaquer des militants dans un passage souterrain, près de Hyde Park. «Mon fils de 12 ans a été frappé à la tête. Il est traumatisé», a affirmé Souad Abdul-Aziz, 34 ans.

En soirée, le ministre britannique des Affaires étrangères, David Miliband, a averti que l'escalade du conflit causerait «la consternation et la panique».