L'étudiant allemand qui avait lancé une chaussure contre le Premier ministre chinois Wen Jiabao début février à l'université de Cambridge (nord de Londres) a plaidé non coupable de troubles à l'ordre public mardi devant un tribunal de cette ville.

Martin Jahnke, 27 ans, devra de nouveau comparaître devant le tribunal de Cambridge le 10 mars prochain, a annoncé un juge.

Le jeune homme, costume sombre et chaussures sans lacets, ne s'est exprimé que pour confirmer son identité et pour plaider non coupable, selon un journaliste de l'AFP sur place. Il a été laissé libre à l'issue de l'audience qui n'a duré qu'une dizaine de minutes.

Inculpé de «langage ou comportement menaçant, injurieux ou insultant en vue de provoquer la peur ou la violence», Martin Jahnke risque jusqu'à six mois de prison et une amende maximum de 5.000 livres (5.730 euros).

Le 2 février, cet étudiant en 3e cycle du département de Pathologie de la prestigieuse université avait interrompu un discours de M. Wen sur le rôle de la Chine dans la mondialisation, en criant «c'est un scandale» et en traitant le Premier ministre chinois de dictateur, avant de jeter une chaussure qui avait atterri un bon mètre devant sa cible.

Ce geste rappelait le jet de chaussures d'un journaliste irakien contre le président américain George W. Bush, à Bagdad en décembre.

Outre une condamnation pénale, le jeune étudiant risque également une sanction au sein de l'université, une plainte ayant été déposée sur le bureau du responsable du comité disciplinaire de l'université.

La Chine avait condamné l'incident, survenu au dernier jour d'une visite européenne de M. Wen, mais avait assuré qu'il n'affecterait pas les liens entre Londres et Pékin. Les autorités universitaires avaient présenté leurs excuses.

Le Premier ministre chinois Wen Jiabao lui-même a appelé l'université de Cambridge à pardonner à l'étudiant, selon le ministère chinois des Affaires étrangères.

Wen Jiabao, qui avait qualifié son comportement de «méprisable», estime que Martin Jahnke doit être autorisé à poursuivre ses études, selon l'ambassadeur de Chine au Royaume-Uni, cité sur le site internet du ministère.

Selon le quotidien Daily Telegraph, Martin Jahnke mène d'importantes recherches génétiques sur les maladies débilitantes, telles que le diabète, la sclérose en plaques ou l'arthrite.

Son travail a déjà été publié dans le Journal de Biochimie et il a animé des séminaires à destination d'autres étudiants diplômés, selon le journal.

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