L'Ukraine rendait hommage dans la nuit de samedi à dimanche aux victimes de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, 23 ans après ce pire incident du nucléaire civil de l'Histoire.

«Aujourd'hui, nous commémorons avec une profonde tristesse ces héros qui ont lutté contre l'élément nucléaire et qui se sont sacrifiés pour nous et nos enfants», a déclaré le président Viktor Iouchtchenko dans une déclaration diffusée par son service de presse.

Une centaine d'Ukrainiens, dont le chef de l'État et d'autres hauts responsables nationaux ont déposé dans la nuit des gerbes de fleurs devant un monument aux victimes de Tchernobyl à Kiev et allumé des cierges lors d'un office religieux consacré à cette tragédie, a constaté un photographe de l'AFP.

Des «liquidateurs» - hommes ayant participé au nettoyage du site après le catastrophe - ont pour leur part placé une longue guirlande de branches de sapin autour du monument. Beaucoup ne retenaient pas leurs larmes.

À Slavoutitch, une petite ville à 50 km de kilomètres de la centrale accidentée et dans laquelle vit une bonne partie de son personnel, des commémorations nocturnes ont rassemblé plusieurs centaines d'Ukrainiens, qui mettaient des bouquets de fleurs, gerbes et bougies devant un monument érigé à la mémoire des victimes de Tchernobyl.

Le 26 avril 1986, à 01H23 le réacteur numéro 4 de la centrale de Tchernobyl situé dans le nord de l'Ukraine, près de la frontière russe et bélarusse, a explosé, contaminant une bonne partie de l'Europe, mais surtout ces trois pays, alors républiques de l'URSS.

Plus de 25.000 «liquidateurs» de la catastrophe, essentiellement Russes, Ukrainiens et Bélarusses qui ont effectué divers travaux, dont la construction d'un sarcophage autour du réacteur accidenté, sont décédés, selon des estimations officieuses.

Officiellement, rien qu'en Ukraine 2,3 million de personnes dont 220 000 liquidateurs sont considérés comme «ayant souffert à la suite de la catastrophe».

4 822 Ukrainiens, enfants ou adolescents au moment de la catastrophe, ont été opérés entre 1986 et 2007 pour le cancer de la thyroïde, conséquence la plus évidente de la radiation, selon un dernier bilan du ministère de la Santé.

La centrale de Tchernobyl, dont un dernier réacteur continuait à produire de l'électricité, a été fermée en décembre 2000. Mais avec son sarcophage fissuré qui recouvre quelque 200 tonnes de magma radioactif composé du combustible nucléaire, elle demeure une menace constante.

Les autorités ont renforcé cette vieille chape de béton, réalisée à la va-vite au lendemain de la catastrophe.

Financée avec des dons internationaux, la construction d'un nouveau sarcophage en acier recouvrant la vielle installation commencera fin 2009 ou début 2010 pour être achevée en 2012 par le consortium Novarka réunissant les groupes français Bouygues et Vinci.

Deux complexes de traitement de déchets radioactifs solides et liquides et un dépôt destiné au stockage de combustible nucléaire usagé doivent également être mis en oeuvre dans la zone contaminée autour de Tchernobyl ces prochaines années.