L'attaque «tragique» visant la famille royale néerlandaise jeudi lors de la Fête de la reine, qui a fait cinq morts dans la foule, serait «l'acte désespéré» d'un agent de sécurité au chômage qui ne pouvait plus payer son loyer, affirmait vendredi la presse.

«L'attaque semble être l'acte désespéré» d'un agent de sécurité «devenu chômeur il y a peu», titrait le quotidien chrétien Trouw.

L'auteur de l'attaque, Karst T., 38 ans, est mort de ses blessures dans la nuit de jeudi à vendredi, a annoncé le parquet national, qui s'est refusé à tout commentaire sur les motifs de son acte.

«Il y a peu, il m'a annoncé qu'il avait été renvoyé et qu'il ne pouvait plus payer son loyer» de 580 euros, a expliqué au journal De Telegraaf le propriétaire de l'appartement où vivait Karst T. «Il devait remettre aujourd'hui les clés au nouveau locataire», a-t-il ajouté.

Rappelant que c'est la première attaque contre la famille royale depuis l'assassinat en 1584 du fondateur de la dynastie, Guillaume d'Orange, les journaux exposaient vendredi sur de pleines pages des images de «la tragédie sanglante» : des corps éparpillés devant une foule saisie d'horreur.

Roulant à 100 km/h, la voiture noire de Karst T. avait embouti un monument après avoir foncé sur la foule réunie à Apeldoorn (centre de Pays-Bas) pour le défilé festif célébrant la famille royale, faisant 5 morts et onze blessés.

Ses voisins de Huissen (est des Pays-Bas) le décrivent comme un célibataire «sympathique» et «calme», bien qu'introverti et «timide», selon les journaux.

Karst T. avait confessé aux policiers accourus qu'il visait le convoi royal. Inconnu de la police, de la justice et des services de renseignement, il n'était pas soigné pour troubles psychiatriques, selon le parquet.

La Fête de la reine, célébrée aux Pays-Bas le 30 avril par des concerts, d'immenses vide-greniers dans les rues ou des fêtes foraines, avait commencé par le traditionnel défilé de la famille royale, organisé cette année à Apeldoorn.

Le bus à toit ouvert, transportant notamment la reine Beatrix (71 ans), le prince héritier Willem-Alexander (42 ans) et son épouse Maxima, était acclamé par de centaines de personnes arborant des vêtements ou accessoires oranges, la couleur de la maison royale.

Vendredi, des centaines de bouquets de fleurs avaient été déposés sur les lieux du «drame» qui a profondément endeuillé les Pays-Bas. Dans l'après-midi de jeudi, la reine Beatrix avait exprimé, dans une allocution télévisée, son soutien aux proches des victimes.

«Ce qui avait commencé comme un jour magnifique, s'est terminé en un horrible drame qui nous a tous très profondément choqués», avait-t-elle dit, la voix blanchie par l'émotion et retenant ses larmes.

«La Fête de la reine ne sera plus jamais la même», soulignaient plusieurs journaux vendredi en prédisant que la protection de la famille royale serait renforcée. «On ne verra plus jamais une reine et sa famille que la foule peut librement approcher», selon De Volkskrant.

La maison royale a toujours été «sans trop de complications», rappelle Trouw, qui cite en exemple «une reine qui monte simplement sur un vélo, mais aussi une reine qui peut se mouvoir parmi son peuple sans des mesures de sécurité trop voyantes». L'attaque va avoir «un coût» : «la perte de la spontanéité», selon le quotidien.

L'attaque touche «les bases de notre société», analysait le journal économique Het Financieele Dagblad, en rappelant que la reine Beatrix, qui «fait bien» son travail selon 85% des Néerlandais, «est le symbole fragile de l'unité dans un pays très divisé».