Les enquêteurs allemands doutent de la mort du nazi Aribert Heim, le «boucher de Mauthausen», annoncée en février par deux médias qui citaient notamment son fils, rapporte l'hebdomadaire Der Spiegel à paraître lundi.

Au terme d'une enquête commune, la chaîne de télévision allemande ZDF et le quotidien américain New York Times (NYT) avaient affirmé que le «médecin de la mort» Aribert Heim, en tête de liste des criminels nazis les plus recherchés, était décédé d'un cancer en août 1992 au Caire où il se cachait. Dans leur reportage, ZDF et le NYT faisaient témoigner R-diger Heim qui confirmait la mort de son père pendant les jeux Olympiques de Barcelone (1992). Les deux médias mettaient aussi en avant des documents trouvés dans un attaché-case ayant apparemment appartenu à Aribert Heim, parmi lesquels figuraient des actes médicaux.

Mais selon le Spiegel, les enquêteurs spécialistes du dossier Heim, au sein de la police criminelle du Bade-Wurtemberg (sud-ouest), ont des doutes sur la mort du nazi. Ils ont analysé les documents de ZDF et du NYT et estiment qu'ils ne fournissent «aucune preuve de sa mort», écrit l'hebdomadaire.

En raison d'informations nouvelles qu'ils ont recueillies en Allemagne et à l'étranger, la police a décidé de continuer à «enquêter dans toutes les directions» sur Aribert Heim, poursuit le magazine. Les enquêteurs sont désormais persuadés que le cercle de personnes ayant soutenu le nazi dans sa cavale de plusieurs décennies était bien plus vaste que présumé, et que le «Dr la mort» a reçu par virements de l'argent de Suisse et des États-Unis, ainsi que de l'argent liquide et des lettres via des coursiers.

La police criminelle avait d'abord donné du crédit aux informations de ZDF et du NYT, alors que la justice se disait très prudente. Le Centre Simon Wiesenthal, spécialisé dans la traque des criminels nazis, avait dit ne pas croire à la mort de Heim.

Considéré comme l'un des nazis les plus sadiques, le «médecin de la mort» aurait torturé et assassiné des centaines de détenus, principalement juifs, au camp de concentration de Mauthausen (Autriche). Il a aussi sévi dans ceux de Sachsenhausen et Buchenwald (Allemagne).