La Russie a exercé lundi son droit de veto au Conseil de sécurité des Nations unies et mis fin à une mission de 130 observateurs du cessez-le-feu et une dizaine de policiers en Géorgie et dans la région séparatiste d'Abkhazie, qui existait depuis près de 16 ans.

La Russie reproche notamment à la Mission d'observation des Nations Unies en Géorgie (MONUG) son nom qui souligne la souveraineté géorgienne sur l'Abkhazie. «Nos partenaires préfèrent le poison à la médecine», a critiqué l'ambassadeur russe Vitaly Tchourkine.

Le veto russe coupe court au projet de poursuivre la mission onusienne encore six mois, malgré le vote favorable de 10 pays sur les 15 au Conseil. Le mandat de l'ONU a pris fin lundi à minuit, heure de New York (mardi 4H00 GMT, 6h à Paris).

L'ambassadeur géorgien à l'ONU, Alexandre Lomaïa, a fait part du «très profond regret du gouvernement de Géorgie» et déclaré que son pays «coopérerait très étroitement avec (ses) amis».

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a exprimé ses «regrets».

«Nous regrettons profondément le veto russe qui a mis fin à la Mission d'observation des Nations unies en Géorgie (MONUG) après quinze années de travail au bénéfice de la transparence militaire sur le terrain, de la promotion des droits de l'Homme de la population locale et de la création de conditions favorables à un retour volontaire, sûr et digne des personnes déplacées et réfugiées», ont déclaré pour leur part la France, l'Allemagne, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis dans un communiqué conjoint.

Ces pays appellent «l'ensemble des parties ayant des forces sur le terrain à agir avec la plus grande retenue et à respecter strictement les termes des accords du 12 août et du 8 septembre» ayant mis fin à la guerre l'été dernier. Ils demandent aussi à tous les participants aux discussions de Genève «de s'engager résolument dans la recherche d'une solution politique et dans l'amélioration du sort des personnes réfugiées ou déplacées».

Les quatre pays réaffirment leur «plein soutien à la Mission d'observation de l'Union européenne en Géorgie» (EUMM) ainsi que leur «soutien le plus ferme à l'indépendance, la souveraineté et l'intégrité territoriale de la Géorgie dans ses frontières internationalement reconnues».

«La Russie a pris une lourde responsabilité en opposant son veto à ce texte», a critiqué Paris plus tôt dans la journée, jugeant que «le veto laisse sur le terrain une situation toujours délicate et instable» et souhaitant que «le Conseil de sécurité continue à (la) suivre».

L'ambassadeur russe à l'ONU estime pour sa part que la mission était fondée sur une situation dépassée. «Il y a de nouvelles conditions politiques et légales, la plupart des noms et termes utilisés auparavant dans les vieux documents sont inapplicables», a commenté le ministère des Affaires étrangères russe.

La Russie a reconnu l'indépendance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud, après sa guerre contre la Géorgie l'an dernier, tandis que la Géorgie les considère toujours comme des éléments de son territoire, soutenue en cela par la communauté internationale.

Le vote a coïncidé avec un affrontement dans la capitale géorgienne de Tbilissi entre la police et des opposants réclamant le départ du président Mikhaïl Saakachvili.