«On m'a redonné ma vie!» C'est avec cette déclaration étonnante que Debbie Purdy, qui envisage de mettre fin à ses jours, a remporté une victoire juridique sur le suicide assisté à la fin du mois dernier à Londres.

Souffrant de sclérose en plaques, la Britannique de 46 ans semble avoir provoqué un premier pas vers la légalisation du suicide assisté au pays.

 

La femme a obtenu des lords juges - l'équivalent de la Cour suprême - que la loi à cet égard soit clarifiée. Elle voulait s'assurer que son mari, Omar Puente, ne serait pas inculpé s'il devait être complice de son suicide.

Elle vivra plus longtemps, selon elle, puisqu'elle n'aura pas à passer à l'acte avant d'être complètement dépendante de son mari.

Debbie Purdy compte se rendre à Dignitas, la controversée «clinique du suicide» située en Suisse.

«Je veux vivre ma vie mais je ne veux pas souffrir inutilement jusqu'à la fin de mes jours, a dit Mme Purdy après la décision des lords. Ce jugement me permettra de faire un choix éclairé avec Omar à savoir s'il voyagera avec moi en Suisse.»

Actuellement, une loi de 1961 interdit d'aider une personne à se suicider. Depuis la fondation de l'association Dignitas, environ 120 Britanniques se sont rendus en Suisse. Or, aucun des proches qui les ont accompagnés n'a été poursuivi par la justice britannique.

Edward Turner est l'un d'eux. Sa mère, Anne Turner, atteinte d'une rare maladie dégénérative, est morte à Dignitas en 2006.

«Les policiers m'ont demandé des explications sur mon rôle dans le suicide de ma mère. Ils ont été délicats. Ils ont dit: «Si vous avez seulement tenu sa main, ça va. Si vous avez administré la dose létale, c'est autre chose», affirme le comptable de 43 ans à La Presse.

Edward Turner applaudit la démarche de Debbie Purdy. La militante voulait en quelque sorte forcer la main des autorités pour que ce qui se passe sur le terrain soit reflété dans la loi.

Sa victoire oblige le procureur général, Keir Starmer, à trancher dans le flou juridique. Ses directives seront publiées en septembre et soumises à une consultation publique au printemps 2010.

«Si on se fie au passé, ses lignes directrices seront humaines et compatissantes», dit Jo Cartwright du groupe de pression Dignity in Dying.

Le Parlement au pied du mur

La Grande-Bretagne est à un tournant, croit une sommité sur le suicide assisté, Penney Lewis.

«Le procureur général a précisé que ses lignes directrices s'appliqueraient autant en Grande-Bretagne qu'à l'étranger. Ainsi, des suicides assistés pourraient avoir lieu ici sans poursuites judiciaires. Je crois qu'il essaie d'amener le Parlement à changer la loi», explique Mme Lewis, professeure en éthique médicale à l'université King's College.

Le Parlement britannique, qui a maintenu le statu quo dans le passé, pourrait donc replonger dans cet épineux débat, une boîte de Pandore aux yeux des plus conservateurs.

Pourtant, le vent semble tourner. La numéro deux du parti au pouvoir, Harriet Harman, a affirmé être sympathique à la cause de Debbie Purdy la semaine dernière à la BBC.

L'opinion publique est aussi favorable à un assouplissement légal face au suicide assisté, selon les sondages. Il y a quelques semaines, le double suicide d'un vieux couple d'artistes, le chef d'orchestre Sir Edward Downes et sa femme Joan, avait ému tout le pays.