La soudaine décision de la Grande-Bretagne lundi de soutenir la procédure judiciaire en cours contre la Libye redonne espoir aux familles des victimes tuées par les explosifs libyens utilisés par l'Armée républicaine irlandaise (IRA) et qui réclament une indemnisation.

La Libye avait admis avoir expédié des centaines de tonnes d'armes et d'explosifs -dont les très meurtriers Semtex- à l'IRA, dans les années 80 et 90. Les avocats réclament 10 millions de livres (11,4 millions d'euros) par victime au régime du colonel Mouammar Kadhafi. L'affaire est arrivée devant les tribunaux américains en 2006 mais n'a pas vraiment avancé depuis.

Un peu plus tôt lundi, le fils de Mouammar Kadhafi avait fait savoir que la Libye s'opposerait au paiement de toute compensation pour les familles des victimes.

La veille, dimanche, des documents révélaient que la Grande-Bretagne avait préféré ne pas réclamer de compensations à la Libye pour la mort des Britanniques tués par les explosifs libyens fournis à l'IRA, par crainte de nuire à ses relations avec Tripoli.

Les services du Premier ministre avaient été contraints de rendre publiques ces deux lettres de Gordon Brown, leur existence ayant été dévoilée quelques heures plus tôt par le «Sunday Times».

Ces documents ont soulevé de nouvelles accusations sur la volonté présumée du gouvernement britannique de protéger les contrats commerciaux et pétroliers avec la Libye, au détriment du droit et de la justice.

Quelques jours auparavant, des soupçons similaires avaient éclaté, après la libération le 20 août de l'agent libyen Abdelbaset Ali al-Megrahi, seul condamné pour l'attentat de Lockerbie (Ecosse), qui a fait 270 morts en 1988.

Les proches des victimes britanniques des attentats de l'IRA se sont dits scandalisés d'apprendre que Gordon Brown avait refusé d'aborder la question des compensations financières avec la Libye, alors même que toutes les familles des victimes américaines de matériels libyens ont été dédommagées par Tripoli, au plus tard en 2008.

Et en 2003, la Libye était tombée d'accord pour verser plus de 2,1 milliards de dollars aux familles des 270 personnes mortes dans l'attentat de Lockerbie, dont 180 Américains et 52 Britanniques.