Brice Hortefeux, ministre français de l'Intérieur et fidèle du président Nicolas Sarkozy, se trouvait vendredi au coeur d'une tempête politique, appelé à la démission après la diffusion sur Internet d'une vidéo dans laquelle il tient des propos jugés racistes.

Le porte-parole du Parti socialiste Benoît Hamon a jugé ces déclarations «inqualifiables». «Beaucoup de voix socialistes se sont élevées pour demander la démission immédiate de Brice Hortefeux», a-t-il ajouté.

Sur la vidéo tournée le 5 septembre lors de l'université d'été du parti UMP (droite, au pouvoir) et diffusée sur Internet, Brice Hortefeux se voit présenter un jeune militant d'origine maghrébine. «C'est notre petit arabe», souffle une femme.

«Il en faut toujours un. Quand il y en a un ça va. C'est quand il y en a beaucoup qu'il y a des problèmes», répond le ministre. La chaîne publique Public Sénat, dont les journalistes seraient les auteurs des images mises en ligne, a indiqué avoir décidé de pas les diffuser à l'antenne après «un débat dans la rédaction».

L'affaire est d'autant plus malvenue pour M. Hortefeux qu'il a récemment sanctionné un préfet, mis mercredi à la retraite d'office parce qu'il était accusé de propos racistes.

«Je me dis que le plus raciste des deux, ce n'est pas moi», a réagi vendredi le haut fonctionnaire, Paul Girot de Langlade, visé par une enquête judiciaire pour «injures publiques à caractère racial».

 La dirigeante du PS, Martine Aubry, a demandé au ministre de s'appliquer la «même règle», c'est-à-dire le départ du gouvernement. «Il faut s'appliquer à soi-même ce que l'on fait aux autres», a abondé la socialiste Ségolène Royal.

Une sénatrice des Verts, Alima Boumediene-Thiery, s'est dite «scandalisée» par les propos du ministre, et a demandé «son éviction immédiate du gouvernement».

Le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap) a accueilli avec «stupeur mais sans surprise les propos racistes» du ministre; l'association SOS Racisme a exprimé sa «consternation».

Face au tollé, la majorité de droite a organisé la riposte pour défendre ce fidèle parmi les fidèles de Nicolas Sarkozy.

Deux membres du gouvernement d'origine maghrébine se sont portées garantes du ministre de l'Intérieur.

Brice Hortefeux «est loin d'être quelqu'un de raciste», a affirmé la secrétaire d'État aux Aînés (chargée des personnes âgées), Nora Berra, dénonçant une «cabale médiatique». Le ministre de l'Intérieur «a de l'humour», a pour sa part commenté Fadela Amara, secrétaire d'État à la Ville, d'origine algérienne.

Le chef du gouvernement, François Fillon, avait dénoncé dès jeudi soir «une campagne de dénigrement assez scandaleuse». La ministre de la Santé Roselyne Bachelot s'est dite «révoltée par un procès médiatique absolument misérable», tandis que son collègue de l'Education, Luc Chatel regrettait une «polémique ridicule».

Le jeune militant d'origine immigrée, qui figure sur la vidéo, a assuré lui aussi que les phrases du ministre avaient été «entièrement sorties du contexte». Brice Hortefeux a assuré qu'il ne parlait pas des immigrés mais des Auvergnats, la région dont il est un élu.

Ancien collègue de Brice Hortefeux au gouvernement, Azzouz Begag, d'origine algérienne, a dit ne pas être surpris. «C'est un vrai bon dérapage franchouillard raciste qui n'a rien d'étonnant venant d'un ministre qui mène une politique xénophobe», a-t-il expliqué.

Brice Hortefeux a été, de mai 2007 à janvier 2009, le ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale de Nicolas Sarkozy, chargé de mener une politique d'immigration choisie, avec un recours accru aux reconduites aux frontières.