La Russie est prête à enrichir de l'uranium pour un réacteur nucléaire iranien de recherche afin d'éviter que l'Iran ne le fasse lui-même, ont indiqué jeudi les trois agences russes, citant un responsable russe, sous le couvert de l'anonymat.

«LaRussie est favorable à cette idée. Si l'AIEA (Agence internationale de l'énergie atomique) s'adresse à nous, alors nous sommes prêts à recevoir cet uranium et à l'enrichir plus», a déclaré cette source proche des négociations sur le nucléaire iranien, selon Interfax. L'Iran devait proposer jeudi à Genève aux grandes puissances, qui soupçonnent son programme nucléaire de visées militaires, qu'une tierce partie enrichisse son uranium faiblement enrichi au niveau requis pour alimenter son réacteur nucléaire de recherche à Téhéran, plutôt que de mener lui-même l'opération.

Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner a déclaré jeudi à Moscou que la France avait apporté une réponse «plutôt positive» à cette proposition.

«C'est pour leur réacteur de recherche et nous avons offert une réponse plutôt positive. D'ailleurs les Russes aussi, mais on n'en est pas là du tout», a dit M. Kouchner à des journalistes à l'issue d'un conseil franco-russe de sécurité à Moscou.

L'Iran devait proposer jeudi à Genève aux grandes puissances, qui soupçonnent son programme nucléaire de visées militaires, qu'une tierce partie enrichisse l'uranium au niveau requis pour alimenter son réacteur nucléaire de recherche à Téhéran, plutôt que de mener lui-même l'opération.

Dans son édition du 30 septembre, l'hebdomadaire français Bakchich évoque un document interne du ministère français des Affaires étrangères qui suggère que 1200 kg d'uranium faiblement enrichi soient sortis d'Iran pour être ré-enrichis et transformés en combustible à l'étranger avant de retourner vers Téhéran.

Selon le journal, l'enrichissement se ferait en Russie et la transformation en combustible nucléaire en France.

Au Quai D'Orsay, cet article est qualifié de «partiel». Il ne donne qu'un extrait du document «sorti de son contexte» et «daté par rapport à l'actualité», souligne-t-on.

Début septembre l'Iran avait présenté aux six puissances (États-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie, Chine et Allemagne) un paquet de propositions visant à sortir les négociations de l'impasse.

M. Kouchner s'est montré modérément optimiste jeudi alors que des pourparlers se tenaient au même moment à Genève entre les six pays et l'Iran.

Téhéran n'a «rien proposé concernant le nucléaire, et pendant ce temps ils dissimulent l'existence d'un nouveau site (...) testent des missiles à moyenne portée. Je ne sais pas si ce sont des gesticulations, mais tout ça n'est pas très encourageant», a noté le ministre français.

Les entretiens de Genève sont les premiers en 14 mois.

Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a déclaré mercredi que son pays avait besoin d'uranium enrichi à 19,75% et qu'il était prêt à l'acheter à des pays tiers.

«Nous sommes prêts à fournir de l'uranium enrichi à 3,5% et ils pourront l'enrichir davantage et nous le livrer à 19,75%», a-t-il expliqué, ajoutant  que certains pays avait fait des propositions.

Les Occidentaux pressent Téhéran de renoncer à toute activité d'enrichissement de l'uranium, car ils soupçonnent que le programme nucléaire iranien comporte un volet militaire caché.

En 2006, Moscou, soutenu par l'UE, a déjà proposé d'enrichir de l'uranium iranien en Russie. Téhéran avait alors affirmé que même si cette proposition aboutissait, cela ne l'empêcherait pas de poursuivre ses activités d'enrichissement à petite échelle, à des fins de recherche.