L'existence de vaccins différents contre la grippe H1N1 suscite en Allemagne la crainte d'une médecine à deux vitesses au point que la chancelière Angela Merkel a dû faire savoir qu'elle se ferait vacciner comme le commun des mortels.

Le virus de la grippe A (H1N1) a touché près de 23 000 personnes en Allemagne depuis qu'a commencé sa déclaration, et selon l'institut épidémiologique Robert Koch le pays n'en est pas au stade épidémique, alors qu'une campagne de vaccination à grande échelle doit débuter la semaine prochaine.

Mais les révélations faites par la presse affirmant que les hauts fonctionnaires, les militaires, et les responsables de la santé notamment bénéficieront d'un vaccin aux effets secondaires moindres que celui réservé au restant de la population ont provoqué une polémique alimentée par les gros titres des tabloïds.

«Il n'y a pas une médecine à deux vitesses», s'est empressé d'affirmer lundi le porte-parole du gouvernement Ulrich Wilhelm.

Les trois vaccins approuvés par l'Union européenne -- Pandemrix, Celvapan et Focetria -- sont tous comparables et «il n'y a pas un vaccin meilleur et un pire», a ajouté M. Wilhelm lors d'une conférence de presse.

Mme Merkel «va d'ailleurs consulter son médecin traitant habituel, lui demander conseil concernant la vaccination, et puis se faire vacciner» avec le Pandemrix, le vaccin prévu pour l'ensemble de la population, a-t-il ajouté.

Plusieurs journaux s'inquiétaient toutefois mardi du fait que le gouvernement donne l'apparence d'une médecine à deux vitesses.

«Comment le citoyen ordinaire peut-il comprendre qu'on ait commandé un vaccin contre la pandémie avec des effets secondaires moindres pour les ministres que pour les masses», s'interrogeait ainsi le Frankfurter Allgemeine Zeitung.

Le porte-parole du ministère de la Santé Klaus Vater a expliqué qu'une commande avait été passée par le gouvernement l'an dernier auprès du groupe pharmaceutique Baxter pour une production limitée du vaccin Celvapan, réservé en priorité aux militaires, policiers, et spécialistes des services publics essentiels.

Selon certains spécialistes, dont le virologiste Alexander Kekul, le Celvapan aurait des effets secondaires moindres que le Pandemrix produit par la firme GlaxoSmithKline.

Le spécialiste des questions de santé au parti social-démocrate, Karl Lauterbach, a souligné dans les pages du Stadt-Anzeiger de Cologne que l'ajout d'adjuvants dans le Pandemrix faisait que ce vaccin était déconseillé aux enfants en bas âge et aux femmes enceintes.