Vingt ans après la chute du Mur de Berlin, démocratie et capitalisme ont moins la cote dans les pays d'Europe centrale et de l'Est, où beaucoup de gens s'estimaient plus à l'aise économiquement sous l'ère communiste, selon un sondage publié lundi aux États-Unis.

Selon l'institut Pew Research Center, qui a enquêté dans huit pays et l'ex-RDA, les pourcentages favorables à la démocratie ont baissé dans la plupart des États qui avaient fait l'objet d'un sondage similaire en 1991.

En Ukraine, les avis favorables au passage au multipartisme se sont effondrés à 30%, contre 72% en 1991.

Dans tous les autres pays, les opinions sont majoritairement favorables, surtout dans l'ex-Allemagne de l'Est (85%, contre 91% en 1991). Mais la cote du multipartisme a perdu 24 points en Bulgarie, 18 en Hongrie et 8 en Russie (à 53%). Son score s'est à peine amélioré en Pologne (+4 points à 70%).

«Les Allemands de l'Est et la démocratie, c'est l'histoire d'une réussite», a observé devant la presse Andrew Kohut, président du Pew Research Center. «L'enfant à problèmes, c'est l'Ukraine».

En ce qui concerne le capitalisme, les partisans du changement reculent partout, surtout en Hongrie (-34 points à 46%). L'Ukraine se distingue encore par son opinion majoritairement négative et l'ex-RDA par un taux d'approbation élevé (82%, -4 points).

Situation économique meilleure

Seuls les Polonais (à 47%) et les Tchèques (45%) estiment que la situation économique des gens est meilleure aujourd'hui que sous les communistes, les autres peuples étant d'un avis contraire, jusqu'à 72% en Hongrie.

Malgré tout, la satisfaction envers l'existence a progressé dans tous les pays, variant entre 15% en Bulgarie (+11 points par rapport à 1991) et 44% en Pologne (+32 points).

«Au fond, les gens trouvent que la vie s'est améliorée, mais pas autant qu'ils l'avaient espéré», a commenté l'ancienne secrétaire d'État américaine Madeleine Albright -elle-même née dans la Tchécoslovaquie d'avant la Seconde guerre mondiale- lors de la conférence de presse de Pew.

«Il y a un véritable désenchantement à l'égard des dirigeants politiques», a-t-elle observé. «On constate un manque de confiance envers les institutions politiques, mais une acceptation de la démocratie en général».

Les ex-Allemands de l'Est approuvent à 81% la réunification de leur pays (-8 points par rapport à 1991), soit un peu plus que leurs compatriotes de l'Ouest (77%).

L'adhésion à l'Union européenne s'attire partout des majorités positives, sauf en Hongrie. L'Otan est positivement perçue partout sauf en Ukraine et en Russie (58% d'opinions négatives).

L'influence de la Russie est considérée négativement dans tous les pays, sauf en Ukraine et en Bulgarie.

Une forte majorité de Russes (58% contre 38%) jugent que la disparition de l'Union soviétique est «un grand malheur» et qu'il est «naturel» pour la Russie d'avoir un empire (47%, +10 points par rapport à 1991).

Sondage réalisé du 27 août au 24 septembre auprès d'un millier de personnes dans chaque pays selon différentes méthodes et une marge d'erreur de plus ou moins 3,5 ou 4 points.