Les autorités albanaises du Kosovo ont affirmé avoir «réussi le test de la démocratie», au lendemain des premières élections organisées depuis la proclamation d'indépendance, marquées par la participation d'une partie de la minorité serbe.

Environ 45% des 1,5 million d'électeurs ont voté pour désigner leurs maires et conseillers municipaux, premier scrutin organisé intégralement par les autorités de Pristina depuis que le territoire a proclamé son indépendance vis-à-vis de la Serbie, le 17 février 2008. Le Kosovo «a réussi le test de la démocratie», s'est félicité le premier ministre Hashim Thaçi.

«Nous nous sommes tous élevés au-dessus des appartenances de partis ou d'ethnies, unis autour de l'emblème de l'État du Kosovo (...) et nous avons gagné», a ajouté M. Thaçi devant des sympathisants rassemblés dans la nuit de dimanche à lundi au siège de sa formation, le Parti démocratique du Kosovo.

Ces élections démontrent «que les gens ont conscience (de la nécessité) d'un processus démocratique et de la mise en place d'un Kosovo multi-ethnique», a estimé pour l'AFP l'analyste Ilir Deda.

«En tant que pays, le Kosovo a prouvé qu'il n'est pas aussi fragile que la communauté internationale le présente», a-t-il ajouté.

Les autorités électorales du Kosovo ont relevé que la participation de la minorité serbe dans les enclaves, quelque 80.000 personnes, paraissait plus forte que prévu.

Dans la ville serbe de Gracanica, proche de Pristina, plus de 23% des 18.000 électeurs ont voté. La participation s'est élevée à 31% à Strpce, une localité du sud du Kosovo où les Serbes sont majoritaires.

«Les Serbes ont fait un pas décisif pour démontrer qu'ils sont disposés à s'intégrer aux institutions» du Kosovo, a souligné Ilir Deda.

Les Serbes des enclaves sont dispersés sur le territoire du Kosovo, entourés d'une population très majoritairement albanaise. Une partie d'entre eux, bien que toujours opposés à l'indépendance, avaient choisi de voter dans le but d'assurer leur participation à la gestion municipale.

Dans le nord du Kosovo en revanche, adossé à la Serbie et où les Serbes sont majoritaires, le boycott recommandé par Belgrade a été massif.

Le secrétaire d'État serbe pour le Kosovo, Oliver Ivanovic, s'est déclaré lundi «inquiet» de la participation dans les enclaves.

«Si quelque 2.000 personnes, voire plus, décident de voter malgré la position du gouvernement et du président (serbes), cela signifie que nous ne représentons pas pour eux une autorité suffisante, qu'ils sont sensibles à d'autres arguments», a-t-il admis.

Le ministre serbe pour le Kosovo, Goran Bogdanovic, a voulu lui minimiser cette participation, déclarant au quotidien Politika que ceux qui ont voté «ne peuvent, en aucune façon, représenter les Serbes du Kosovo».

Certains analystes relevaient les risques que présente pour les autorités de Pristina le refus des Serbes du nord du Kosovo d'aller voter. Un tel scénario, s'il se répétait, pourrait «ouvrir la porte à une division» entre le nord et le reste du territoire, a estimé Agron Bajrami, rédacteur en chef du quotidien Koha Ditore.

Ilir Deda a invité les autorités à retenir les leçons du «succès électoral chez les Serbes» des enclaves, en démontrant aux Serbes du nord que le gouvernement nourrit aussi «de bonnes intentions à leur égard».

Les résultats officiels devraient être connus lundi en fin d'après-midi.

Un deuxième tour sera organisé le 13 décembre dans les municipalités où aucun candidat n'obtient plus de 50% des suffrages.