Neuf ans après la chute de Slobodan Milosevic, qui avait mis son pays au ban de l'Europe, la Serbie a mis définitivement le cap sur l'Union européenne, en déposant hier sa candidature pour joindre l'UE. La route pourrait cependant être longue et ardue pour ce pays encore entravé par les séquelles du passé.

Le président serbe Boris Tadic a remis le dossier de candidature de son pays au premier ministre suédois Fredrik Reinfeldt lors d'une conférence de presse à Stockholm. La Suède assure actuellement la présidence de l'Union européenne.

 

Le principal obstacle à l'entrée de la Serbie dans l'UE reste le peu de progrès dans la traque des derniers criminels de guerre présumés recherchés par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) de La Haye, dont l'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie, Ratko Mladic.

«Nous faisons tout notre possible pour les arrêter», a déclaré Boris Tadic. «S'ils sont sur le sol serbe, ils seront capturés.»

Belgrade a en revanche été encouragée par la décision de Bruxelles, au début du mois de décembre, de débloquer un accord de libre-échange crucial entre la Serbie et l'UE.

Cet accord dit «intérimaire», qui libéralise les échanges commerciaux entre l'UE et la Serbie, avait été conclu en avril 2008. Mais il avait été gelé, à la demande des Pays-Bas, qui réclamaient que Belgrade extrade d'abord Ratko Mladic. La Haye a fini par décider de lever son veto, le procureur de l'ONU Serge Brammertz ayant estimé que Belgrade coopérait avec le TPIY en vue de l'arrestation de Mladic.

Boris Tadic a affirmé hier que la Serbie était prête et déterminée à honorer les engagements et les valeurs de l'Union européenne. Il a toutefois souligné l'existence de «défis» dans la relation entre Belgrade et Bruxelles, à commencer par la divergence de vues sur l'indépendance du Kosovo, ancienne province serbe.

«Nous allons résoudre ces défis, mais cela ne signifie pas que nous reconnaîtrons l'indépendance du Kosovo», a-t-il prévenu. «Nous allons poursuivre nos efforts pour la défense de notre souveraineté et de notre intégrité territoriale par le seul biais d'instruments diplomatiques et légaux».

Le premier ministre suédois Fredrik Reinfeldt a estimé que le dépôt de candidature officielle de Belgrade marquait «un nouveau départ pour la Serbie», tout en prévenant que le chemin vers l'adhésion serait long. «Cela nécessitera des décisions audacieuses et des réformes majeures, mais j'ai bon espoir que la Serbie remplisse les conditions nécessaires», a-t-il déclaré.

En plus de traquer les criminels de guerre, le pays de 7,5 millions d'habitants doit «terminer les réformes, assurer la démocratie et l'économie de marché» sur son territoire, a énuméré M. Reinfeldt.

Sur les délais d'adhésion, MM. Tadic et Reinfeldt, ainsi que le commissaire européen à l'Élargissement Olli Rehn, se sont accordés pour dire que tout dépendait des efforts serbes. M. Rehn a estimé que la procédure pouvait aboutir «dans les dix ans» qui viennent, à condition que «la Serbie poursuive ses réformes sur le rythme actuel».

Le président Tadic s'est voulu plus optimiste en assurant que «le jour J était fixé en 2014».

«Il n'est pas certain que nous y parviendrons, mais c'est pour nous un objectif. Si nous travaillons très dur, nous pouvons créer une surprise positive», a-t-il conclu.