Le pape Benoît XVI soulève à nouveau l'ire de la communauté homosexuelle et transgenre. Il a rejeté lundi l'égalité des chances à l'embauche pour les homosexuels. Des manifestations de groupes gais, athées, féministes et proavortement sont déjà au programme pour sa visite en Grande-Bretagne, au mois de septembre prochain.

Le pape Benoît XVI fait campagne contre les homosexuels qui voudraient travailler dans des paroisses catholiques de la Grande-Bretagne. Il a exhorté lundi des évêques anglais et gallois à lutter contre un projet de loi antidiscrimination actuellement débattu au Parlement britannique. Il craint que cette loi ne les oblige à embaucher des personnes homosexuelles et transgenres.

Le souverain pontife a créé la polémique en déclarant à la délégation britannique: «Votre pays est bien connu pour son engagement résolu en faveur de l'égalité des chances pour tous. Cependant..., certaines lois destinées à réaliser cet objectif imposent des restrictions injustes à la liberté des communautés religieuses d'agir en accord avec leurs croyances.»

Il a ajouté: «À certains égards, cela enfreint la loi naturelle sur laquelle est basée l'égalité de tous les êtres humains et par laquelle elle est garantie.»

Il a encouragé les évêques anglais et gallois à se battre avec un «zèle missionnaire» contre le projet de loi.

Les mesures en question englobent toutes les formes de discrimination, qu'elle soit liée à l'âge, au sexe, aux croyances religieuses ou à l'orientation sexuelle. Cependant, le gouvernement accorde une exemption aux églises qui voudraient refuser des candidats homosexuels aux postes cléricaux. Seules les fonctions hors du service religieux seraient assujetties à la loi.

Mais les paroisses ne veulent pas de ce compromis. Elles préfèrent le statu quo. À l'heure actuelle, elles sont libres de refuser des candidats qui ne partagent pas «leurs valeurs ou leurs croyances». À leurs yeux, le projet de loi est ambigu et pourrait les exposer à des poursuites judiciaires.

D'ailleurs, elles ont réussi à faire plier la Chambre haute du Parlement, qui a rejeté l'avant-projet le 26 janvier dernier. Il doit être prochainement révisé par la Chambre des communes.

Manifestations

Sans surprise, les groupes de défense des droits des homosexuels ont dénoncé l'«homophobie» de Benoît XVI et son «intrusion» dans les affaires britanniques. «Le pape et les évêques ignorent le fait que les gais, lesbiennes et transgenres ne sont pas seulement définis par leur orientation sexuelle, mais peuvent aussi être des gens de foi», a écrit un militant gai et catholique, Martin Pendergast, dans le Guardian.

Des manifestations sont déjà en préparation pour la venue du souverain pontife, au mois de septembre prochain. La Société séculière nationale s'est engagée à rassembler des groupes gais, féministes et proavortement ainsi que toute personne qui se sent «assiégée par le militantisme du Vatican».

Son président, Terry Sanderson, s'est indigné de la visite du pape, qui coûtera l'équivalent de 34 millions de dollars canadiens aux contribuables, et qui lui permettra «de s'attaquer à l'égalité des droits et à promouvoir la discrimination».

Le premier ministre Gordon Brown s'est bien gardé de descendre dans l'arène. Un porte-parole a indiqué qu'il avait une «grande admiration et un immense respect» pour le pape, mais qu'il ne serait pas approprié de commenter ses propos.

L'intervention de Benoît XVI est probablement bien reçue par les 4,1 millions de catholiques que comptent l'Angleterre et le pays de Galles, croit le théologien John Milbank.

«Certaines réactions aujourd'hui frisent l'hystérie, explique le professeur de l'Université de Nottingham. Le pape soulève un débat important sur les droits des groupes religieux et sur leur liberté de pratique. Si un groupe religieux ne peut pas être maître de ses propres affaires, alors notre tradition de liberté est dangereusement compromise.»