Plus de la moitié des députés britanniques ont commis des irrégularités dans leurs notes de frais et devront rembourser plus d'un million d'euros, a conclu jeudi un audit indépendant, révélant l'ampleur d'un des pires scandales ayant jamais touché la classe politique nationale.

Cet audit, mené par un ancien haut fonctionnaire, Thomas Legg, avait été lancé cet été, après la polémique déclenchée par les révélations du Daily Telegraph en mai et juin dernier sur les abus de nombreux députés.

Certains avaient ainsi été défrayés pour des boîtes d'allumettes, des films pornos, un abri flottant pour canards, le nettoyage des douves de leur propriété ou encore des intérêts pour des prêts immobiliers inexistants.

En dénonçant jeudi un système «fondamentalement défectueux», Sir Thomas a pris en défaut 390 des 646 députés britanniques, sur une période allant de 2004 à 2009, et leur a demandé de rembourser au total 1,3 million de livres (1,48 million d'euros).

De cette somme, doivent être déduits 185 000 livres (211 000 euros), un ancien juge Paul Kennedy ayant décidé de valider 44 des 75 appels lancés par certains députés contre les conclusions de cet audit.

M. Legg a dénoncé des «règles vagues», un manque de transparence» et la «culture de déférence» des fonctionnaires chargés d'étudier les demandes de remboursement.

Cet audit pourrait mettre les députés concernés en difficulté auprès de leurs électeurs, à l'approche des élections législatives qui doivent avoir lieu d'ici début juin.

À l'été dernier, une vingtaine de députés, dont plusieurs membres du gouvernement, avaient démissionné, érodant un peu plus encore la popularité du premier ministre Gordon Brown.

Ce dernier avait répliqué en ordonnant l'audit publié jeudi, destiné à remettre à plat un système de défraiements particulièrement généreux qui a choqué les Britanniques, sommés de se serrer la ceinture pour cause de crise économique.

Le porte-parole du premier ministre Gordon Brown a fait savoir jeudi que celui-ci considérait le rapport Legg comme un moyen «de restaurer la confiance» de l'électorat.

Le chef de l'opposition conservatrice David Cameron, donné comme le futur premier ministre par les sondages, a estimé «absolument indispensable» que les députés effectuent les remboursements et que s'ils s'y refusaient, les sommes devraient être prélevées sur leur salaire.

La plus forte somme à rembourser incombe à la députée travailliste Barbara Follett, épouse du richissime l'écrivain à succès Ken Follett, qui devra rendre 42 458 livres (48 586 euros). Elle a déjà remboursé les trois quarts de cette somme.

Le porte-parole conservateur à la Défense Liam Fox, est aussi parmi les plus sanctionnés. Mais il a déjà remboursé les 24 878 livres (28 469 euros) qui lui étaient réclamés.

Plusieurs parlementaires avaient exprimé leur mécontentement vis-à-vis de cet audit, arguant avoir toujours agi dans le respect de la loi.

Ils avaient reproché à M. Legg d'avoir plafonné rétrospectivement les défraiements concernant certains postes, comme le nettoyage ou le jardinage, pour obtenir le remboursement des sommes versées.

L'auditeur s'en est vivement défendu jeudi, en affirmant qu'il ne s'agissait pas «d'imposer de nouvelles règles rétrospectivement, mais de faire appliquer aujourd'hui les règles qui étaient en place, mais avaient été ignorées ou mal comprises à l'époque».

MM. Brown et Cameron avaient demandé aux députés de leurs partis d'effectuer les remboursements exigés sous peine d'être exclus.

Le chef du gouvernement avait lui-même montré l'exemple en acceptant de rembourser 13 723 livres (15 703 euros), notamment pour des frais de nettoyage.