Le président Nicolas Sarkozy s'est attaqué lundi à la douloureuse réforme du système des retraites en France en annonçant le dépôt d'une loi en septembre au Parlement, après des discussions avec les syndicats opposés à l'abandon de l'un des piliers du modèle social du pays.

Le président Nicolas Sarkozy s'est attaqué lundi à la douloureuse réforme du système des retraites en France en annonçant le dépôt d'une loi en septembre au Parlement, après des discussions avec les syndicats opposés à l'abandon de l'un des piliers du modèle social du pays. La France est quasiment une exception en Europe: l'âge de départ légal à la retraite y est de 60 ans alors que dans plusieurs pays européens il est de 65, voire plus. L'âge légal est celui qu'il faut atteindre pour percevoir sa pension mais des dispositifs permettent de travailler jusqu'à 70 ans ou plus pour certaines professions.

Déterminé à faire adopter cette réforme «avant fin 2010», le président français a annoncé lundi, lors d'un sommet réunissant syndicats et patronat, que la concertation commencerait «début avril» - après les élections régionales de mars - et qu'un texte de loi serait déposé par le gouvernement au Parlement «au début du mois de septembre».

«Si nous voulons sauver le système de retraite, nous ne pouvons plus différer les décisions», a-t-il dit.

Depuis que l'âge de départ a été fixé à 60 ans en 1982, les gouvernements de droite comme de gauche ont continuellement remis à plus tard le moment de réformer en profondeur l'un des acquis sociaux emblématiques de la France, datant du président socialiste François Mitterrand.

Le régime des retraites en France repose sur la «répartition», c'est-à-dire sur la solidarité entre générations: les actifs paient des cotisations qui financent les pensions des retraités.

Or comme ailleurs en Europe, l'espérance de vie des retraités s'accroît alors que la population active régresse, en raison de la chute de la natalité et de la progression du chômage. Quand en 1950 on comptait 41,4 cotisants pour 10 retraités, ils n'étaient plus que 14,5 en 2008.

Lundi, Nicolas Sarkozy s'est prononcé contre la remise en cause du principe de répartition et la diminution des pensions.

Il n'a pas dévoilé ses intentions mais plusieurs ministres ont ces dernières semaines laissé entendre que le gouvernement privilégiait deux pistes: reculer l'âge légal de départ en retraite et/ou allonger la durée d'activité minimum pour toucher sa pension à taux plein.

Forts de l'opposition d'une majorité de Français, la plupart des syndicats sont hostiles à ces deux pistes, à l'unisson avec l'opposition de gauche. «Nous avons rappelé que nous n'acceptions pas le report de l'âge légal de 60 ans ni l'allongement de la durée de cotisation», a déclaré le secrétaire général de l'organisation syndicale Force Ouvrière, Jean-Claude Mailly.

Près de six Français sur dix se prononcent contre le recul de l'âge légal et plus d'un sur deux contre l'allongement de la durée de cotisation, selon un sondage Ifop paru dimanche. Même s'ils estiment en moyenne qu'ils partiront à la retraite à 62 ans, selon une étude BVÀ diffusée lundi.

Le patronat est partisan d'un relèvement de l'âge légal de départ à la retraite. Sa présidente Laurence Parisot souhaite en plus voir complété le régime actuel «par un système de retraite par capitalisation» (épargne, fonds de pension...) répandu dans les pays anglo-saxons.

Dans un contexte global de crise économique et de malaise social, il y a «un risque d'explosion», mettait en garde le quotidien régional Est Républicain, tandis que Le Figaro (droite) annonçait le début du «bras de fer».

Nicolas Sarkozy a répété lundi qu'il voulait «un débat approfondi» sur ce sujet sensible. «Il n'est pas question de passer en force», a-t-il dit.

Mais le calendrier annoncé ne donne qu'à moitié satisfaction aux syndicats. La CGT (gauche) et la CFDT (modéré) avaient insisté pour que le débat se déroule «sur l'ensemble de l'année 2010».