Le gouvernement néerlandais est tombé samedi, victime de ses divergences internes sur le maintien des troupes en Afghanistan au-delà de l'été, souhaité par l'Otan, ouvrant la voie à des législatives anticipées, «probablement avant l'été».

Samedi vers 04H00 (03H00), le Premier ministre Jan Peter Balkenende, 53 ans, a annoncé la chute du gouvernement de coalition de centre-gauche qu'il dirigeait depuis 2007.

Il a remis la démission de son équipe à la reine Beatrix, en vacances en Autriche, avec laquelle il a eu un contact téléphonique, a annoncé à l'AFP dans l'après-midi son porte-parole Henk Brons.

«Des élections vont avoir lieu probablement avant l'été, en juin au plus tard», a annoncé à l'AFP un porte-parole du ministère de l'Intérieur, Vincent van Steen.

Réunis depuis vendredi en fin de matinée, les ministres n'ont pas réussi à se mettre d'accord sur la réponse à donner à l'Otan, qui souhaite le maintien d'une mission militaire néerlandaise réduite en Afghanistan au-delà de l'été.

Les travaillistes (PvdA), l'un des trois partis de la coalition, y étaient opposés tandis que M. Balkenende, sous pression notamment des Etats-Unis, souhaitait une poursuite des discussions. Le PvdA a alors décidé de se retirer du gouvernement, entraînant sa chute.

Présents en Afghanistan depuis août 2006, les Pays-Bas ont déployé 1950 soldats dans la province d'Oruzgan (sud), une région reculée très infiltrée par les talibans, dont la rébellion n'a cessé de gagner du terrain ces dernières années malgré l'augmentation régulière du nombre de troupes occidentales.

Le retrait hollandais du pays doit commencer en août et être achevé à la fin de l'année, selon une décision prise en 2007 par le gouvernement.

Désormais, «chacun s'attend» à ce que la Reine «dissolve le gouvernement et ordonne de nouvelles élections dès que possible», a estimé le porte-parole du ministère de l'Intérieur.

Dans ce cas, a-t-il poursuivi, les 12 portefeuilles du parti travailliste seront attribués temporairement aux deux autres partis de la coalition, le parti chrétien-démocrate (CDA) de M. Balkenende et le petit parti social-protestant rigoriste (CU, Union chrétienne).

«Nous avons essayé pendant seize heures de trouver une solution», a souligné le ministre CDA des Affaires étrangères, Maxime Verhagen, en regrettant «beaucoup que la volonté ait manqué pour examiner toutes les possibilités».

Le PvdA «ne pouvait plus participer de façon crédible à ce gouvernement», a expliqué de son côté son chef de file, le ministre des Finances Wouter Bos, en soulignant que le gouvernement devait s'en tenir à la décision prise en 2007 de quitter l'Afghanistan à l'été.

«En raison d'une défiance installée depuis longtemps, le gouvernement ne pouvait plus gouverner, c'étaient les querelles qui gouvernaient», a de son côté affirmé Agnès Kant, la chef de file du parti socialiste (SP), principal parti d'opposition à la chambre basse.

Les ministres ont eux exprimé pur la plupart «tristesse» et «déception» alors que le député d'extrême-droite Geert Wilders, fondateur du Parti pour la liberté (PVV) exultait.

«Le PVV se réjouit de la chute du gouvernement, longtemps espérée, enfin arrivée», a-t-il dit, estimant que «ce gouvernement, le pire qui ait jamais existé ne méritait pas de gouverner un jour de plus».

Le parti de M. Wilders avait fait une forte percée aux élections européennes avec 16,9% des voix, se classant deuxième aux Pays-Bas.

Vingt et un soldats néerlandais ont été tués depuis le début de la mission des Pays-Bas dans le cadre de la Force internationale de l'Otan en Afghanistan (Isaf), forte d'environ 85 000 soldats.