L'assemblée régionale d'Irlande du Nord a approuvé mardi un accord historique entre catholiques et protestants prévoyant le transfert des pouvoirs de police et de justice de Londres vers Belfast, dernière étape du processus de paix.

L'assemblée régionale d'Irlande du Nord a approuvé mardi un accord historique entre catholiques et protestants prévoyant le transfert des pouvoirs de police et de justice de Londres vers Belfast, dernière étape du processus de paix.

Le texte a été adopté par 88 voix pour et 17 contre. Le parti unioniste d'Ulster (UUP-minoritaire), favorable au maintien de la province semi-autonome dans le giron britannique, avait indiqué par avance qu'il voterait contre.

L'accord, arraché début février au terme d'âpres négociations entre le parti protestant DUP (Democratic Unionist Party) et le Sinn Féin catholique, prévoit qu'à partir du 12 avril, le contrôle de la police et de la justice d'Irlande du nord sera directement assumé par Belfast, et non plus par Londres.

Un poste de ministre de la Justice, qui se verra confier la responsabilité de la police et de la justice dans la province, doit être créé, ainsi qu'un poste d'Attorney general - qui fait office de principal conseiller juridique de l'exécutif régional.

Le premier ministre britannique Gordon Brown s'est immédiatement félicité de cet accord, qui selon lui tourne définitivement la page de «décennies d'affrontements».

«Aujourd'hui la politique du progrès a finalement remplacé la politique de la division en Irlande du Nord», a-t-il estimé dans un communiqué. «L'achèvement de la dévolution, soutenue par toutes les communautés d'Irlande du nord, met un point final à des décennies d'affrontements. Elle envoie un message fort à ceux qui voudraient le retour de la violence: la démocratie et la tolérance prévaudront».

Londres avait annoncé le mois dernier qu'il débloquerait 800 millions de livres (920 millions d'euros) pour financer ce transfert.

Cette question était le dernier obstacle à l'application complète des accords de paix de 1998 qui avaient mis fin à plus de 30 ans de violences intercommunautaire ayant fait quelque 3.500 morts.

Le ministre à l'Irlande du Nord Shaun Woodward a estimé que l'opposition du parti UUP, même si elle ne menaçait pas le vote de mardi, risquait à plus long terme de faire le jeu des groupes paramilitaires opposés au processus de paix. Ces derniers sont soupçonnés d'être à l'origine de plusieurs attentats ces derniers mois, notamment l'explosion d'une voiture piégée devant un tribunal du sud de la province fin février qui n'a pas fait de victimes, un «miracle» selon la police.

L'ancien président américain George W. Bush a lui-même appelé le chef des conservateurs britanniques David Cameron pour lui demander de faire pression sur l'UUP, avec lequel il a passé un accord électoral.

Sinn Féin et le DUP dirigent ensemble le gouvernement régional depuis 2007, assumant de nombreuses prérogatives dans des domaines tels que l'éducation ou la santé, mais les pouvoirs de police et de justice, politiquement sensibles, restaient supervisés par Londres.