Les élections régionales - à mi-mandat pour Nicolas Sarkozy - s'annonçaient fort difficiles pour la droite unie, qui dispose de la majorité absolue au Parlement. Elles sont en train de tourner au désastre, après le premier tour qui s'est déroulé hier.

Sur les consignes de Nicolas Sarkozy, les différentes composantes de la droite se sont présentées unies devant l'électorat, dans l'espoir de créer une dynamique, mais avec le risque de se trouver sans réserve de voix pour le second tour du 21 mars. Au final, cette droite rassemblée, avec environ 27%, arrive nettement derrière le Parti socialiste (29%), qui, de son côté, dispose de larges réserves pour dimanche prochain, grâce au très bon résultat d'Europe écologie (13%) et au score honorable du Front de gauche (6%).

Cette déroute spectaculaire doit être relativisée: il s'agissait d'une élection où tous les mécontentements pouvaient s'exprimer sans risque, et l'abstention a atteint le niveau record de 53%. Du jamais vu en France. Il n'en reste pas moins que de tels résultats affaiblissent gravement Sarkozy et le gouvernement de François Fillon pour la dernière ligne droite qui mène à la présidentielle de mai 2012. La gauche avait remporté en 2004 20 des 21 régions «hexagonales» (Corse non comprise).

Et l'Alsace?

La seule question qui reste aujourd'hui en suspens est de savoir si la droite réussira à conserver - de justesse - la région de l'Alsace. Presque partout ailleurs, on prévoit un raz-de-marée de la gauche. En particulier en région parisienne, qui compte 11,5 millions d'habitants.

Après s'être personnellement engagé - sans le dire - dans ce scrutin régional, le président Sarkozy s'est abstenu de commenter ce mauvais résultat, et a laissé son premier ministre François Fillon faire une brève déclaration, où il a relativisé le caractère «politique» de ce scrutin et affirmé sans grande conviction: «Rien n'est joué pour le second tour.»

Selon le Parti socialiste, le triomphe dépasse toutes ses espérances. Pour sa dirigeante, Martine Aubry, il s'agit d'une victoire personnelle qui raffermit sa position en vue de la présidentielle de 2012. Aux élections européennes de juin 2009, son parti s'était effondré, avec 16% des voix. Il vient de remonter à 29%, score historique.

Europe écologie

Autre grand vainqueur de ce premier tour, Europe écologie confirme, avec 13% des voix, sa spectaculaire percée des élections européennes. La coalition écologiste formée autour des Verts obtient d'excellents résultats dans la région Rhône Alpes avec 20%, et près de 18% en région parisienne. Elle confirme sa place de troisième force politique dans le pays.

Dans une moindre mesure, le Front national peut lui aussi crier victoire: il remonte à près de 12% des voix, et le vieux chef de l'extrême droite, Jean-Marie Le Pen, obtient 20% en Provence-Alpes-Côte d'Azur. Sa fille Marine, qui doit lui succéder sous peu à la tête du FN, enregistre 19% dans le Nord-Pas-de-Calais.

L'ex-candidate socialiste à la présidence Ségolène Royal, en perte de vitesse au PS et dans les sondages, jouait son avenir politique en Poitou-Charentes. Elle a obtenu un très beau résultat personnel avec 39% des voix, ce qui lui permet de rester dans le jeu en vue de la présidentielle de 2012.