Le président français Nicolas Sarkozy a remanié lundi son gouvernement au lendemain d'une très sévère défaite de la droite aux élections régionales, en cherchant à rassembler son camp pour la fin de son mandat.

Le Premier ministre François Fillon, plutôt populaire, conserve son poste. Le seul poids-lourd évincé est le ministre du Travail Xavier Darcos, largement battu dimanche et en position de faiblesse pour négocier une impopulaire réforme des retraites. Il est remplacé par Eric Woerth, un fidèle du président qui était au Budget.

Ce réaménagement ministériel consacre surtout l'entrée au gouvernement de représentants de la droite non sarkozyste et le gel de l'ouverture à gauche, comme le réclamaient des barons de la majorité.

Ainsi François Baroin, proche de l'ancien président Jacques Chirac dont le chef de l'Etat s'est éloigné ces dernières années, est nommé au Budget. Georges Tron, fidèle de l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin, ennemi juré de Nicolas Sarkozy, s'est vu confier le secrétariat d'Etat à la Fonction publique.

Le Parti socialiste a immédiatement qualifié ce remaniement de «cosmétique». Harlem Désir, numéro 2 du PS, a estimé que la réponse de Nicolas Sarkozy à la «défaite historique» de la droite aux régionales était «totalement hors sujet» alors que les électeurs attendent «un changement de cap économique et social».

Le second tour des régionales, dimanche, s'est traduit par un net vote sanction à l'égard de M. Sarkozy: la gauche a recueilli 54% des voix, loin devant la droite à 35,4%, selon les derniers résultats, tandis que le parti d'extrême droite Front national enregistrait une remontée avec près de 18% des voix dans les 12 régions où son score du premier tour lui avait permis de se maintenir.

Le principal collaborateur du président, Claude Guéant, a indiqué que le président était «décidé à entendre» le message des électeurs.

Mais ses lieutenants ont prévenu qu'il n'y aurait pas de changement de cap de sa politique: «Les Français n'ont pas dit non aux réformes», a déclaré le patron du parti présidentiel UMP, Xavier Bertrand.

Mardi, Nicolas Sarkozy devra pourtant affronter à nouveau le mécontentement social lors d'une journée nationale de grèves et de manifestations organisée à l'appel de plusieurs syndicats pour protester contre la politique sociale et économique du gouvernement.

La colère gronde également au sein d'une partie de la droite, qui réclame une révision des priorités.

L'ex-Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a demandé un «vote de confiance» au Parlement sur les réformes. Le leader des députés UMP Jean-François Copé a appelé à «revenir aux fondamentaux» de la droite traditionnelle.

Le quotidien Le Figaro, très proche du pouvoir, a vu dans le vote de dimanche l'«exaspération de nombreux électeurs de droite qui pêle-mêle ne comprennent pas l'ouverture à gauche, la surenchère écologique symbolisée par la taxe carbone, l'empilement de réformes (...) insuffisamment expliquées».

De leur côté, les socialistes, divisés et dépourvus de tout projet cohérent depuis le début du mandat de Nicolas Sarkozy en 2007, sont relancés.

Leur dirigeante, Martine Aubry, trouve aussi dans cette victoire la légitimité qui lui faisait défaut pour incarner une alternative au président de droite qu'elle a appelé lundi à «changer de politique».

Elle pourrait prétendre à la candidature socialiste en 2012, avec le directeur du FMI, Dominique Strauss-Kahn, et Ségolène Royal, qui a triomphé dans sa région de Poitou-Charentes (ouest).

Après ces régionales, la gauche dirigera 21 des 22 régions de France métropolitaine (hors outre-mer). La droite a réussi à conserver l'Alsace (est). En outre-mer, elle a remporté la Réunion (océan Indien) et la Guyane (Amérique du Sud).