L'enquête publique sur le «Bloody Sunday» («dimanche sanglant») du 30 janvier 1972, où 14 manifestants catholiques avaient été tués par l'armée britannique, est enfin terminée, après douze ans de travaux, a-t-on appris lundi de source officielle.

La commission «Saville», du nom de son président lord Mark Saville, a mis un point final à son rapport, épais de 5000 pages, après avoir entendu plus de 900 témoins depuis sa création en 1998.

«Le tribunal a donné aujourd'hui son approbation définitive à ce rapport», a indiqué lundi l'équipe d'enquête dans un communiqué.

La publication du rapport pourrait cependant attendre. Le ministre britannique à l'Irlande du Nord, Shaun Woodward, a déclaré devant le parlement à Londres qu'il devait d'abord vérifier auprès des services concernés que la diffusion du rapport ne présentait pas de danger pour la sécurité nationale.

«Une fois le processus de vérification achevé, une date de publication pourra être déterminée», a-t-il expliqué, reconnaissant que cela ne pouvait pas se faire juste avant les législatives attendues pour le 6 mai au Royaume-Uni.

«S'il devient évident qu'il ne sera pas possible de publier le rapport avant la dissolution du parlement, le tribunal conviendra de le conserver jusqu'à une date postérieure aux élections», a déclaré M. Woodward.

Le 30 janvier 1972 à Londonderry, dans le nord-ouest de l'Irlande du Nord, quatorze hommes sans armes avaient été abattus par des parachutistes britanniques au cours d'une manifestation pour la défense des droits civiques des catholiques.

Une première enquête éclair à l'époque du drame avait blanchi l'armée britannique et donné crédit à la version militaire des faits, selon laquelle les soldats n'ont fait que riposter au feu des manifestants.

Sous la pression de l'opinion et des familles des victimes, le Premier ministre britannique Tony Blair avait confié en 1998 au juge Mark Saville le soin de faire toute la lumière sur les événements controversés.

Une trentaine d'années de violences entre catholiques indépendantistes et protestants unionistes en Irlande du Nord, appelés les «Troubles», ont pris fin en 1998 avec l'accord de paix dit du Vendredi Saint, qui a notamment ouvert la voie à la mise en place d'un gouvernement biconfessionnel.